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Edition du 3 Décembre 2025



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Cancer de la prostate
Un dosage de PSA recommandé après 50 ans
3 Décembre 2025

Le cancer de la prostate est un cancer fréquent touchant la prostate, une glande de l’appareil reproducteur de l’homme. Le cancer se développe à partir des tissus de la prostate quand des cellules y mutent et se multiplient de façon incontrôlée. Celles-ci peuvent ensuite s’étendre (se métastaser) en migrant de la prostate jusqu’à d’autres parties du corps, particulièrement les os et les ganglions lymphatiques du pelvis. Le cancer de la prostate survient indépendamment de l’hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome prostatique. C’est dans l’immense majorité des cas un adénocarcinome, surtout de type acinaire.



Le cancer de la prostate peut provoquer notamment des douleurs, des difficultés à uriner et des dysfonctionnements érectiles. Les symptômes ayant pour origine un adénocarcinome de la prostate signalent souvent un stade avancé de la maladie. D’autres maladies de la prostate provoquent les mêmes symptômes : les douleurs pelviennes en cas de prostatite et les difficultés à uriner en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate. C’est un cancer d’évolution lente et principalement locale. L’Institut national du cancer n’hésite pas à écrire qu’il s’agit d’un cancer dont le « pronostic est bon voire très bon ». Seuls 15% des cancers de la prostate sont agressifs avec dissémination des métastases : une étude publiée en mars 2024 a permis d’identifier les caractéristiques génomiques de la forme à haut risque.
La question de traiter un cancer de la prostate asymptomatique et localisé se pose, comme le démontre l’étude sur 3 groupes de 500 hommes chacun : un groupe bénéficiant d’un suivi clinique, un groupe avec radiothérapie et un groupe avec chirurgie. La mortalité à 10 ans et 15 ans est rigoureusement la même.
Les traitements les plus fréquents sont la chirurgie (prostatectomie radicale), la radiothérapie (radiothérapie externe et curiethérapie, notamment) et l’hormonothérapie. La chimiothérapie n’est utilisée que dans les formes métastatiques.

Épidémiologie
Incidence du cancer de la prostate en fonction de l’âge aux États-Unis, données de l’OMS (2016).

Fréquence
Les taux de ce cancer varient considérablement de par le monde. Il est moins répandu en Asie du Sud et en Extrême-Orient, plus commun en Europe et encore plus aux États-Unis. Selon la Société américaine du cancer, ce cancer est plus rare chez les Asiatiques et plus répandu chez les personnes d’origine subsaharienne (les taux élevés pouvant aussi être influencés par l’accroissement de l’effort de détection).
Le cancer de la prostate survient le plus souvent après cinquante ans. Il est globalement le second cancer le plus fréquent chez l’homme, et, dans certains endroits), il prend la première place, devant le cancer des poumons (qui est cependant plus souvent mortel). De nombreux porteurs d’un cancer de la prostate n’éprouvent jamais de symptômes, ne subissent aucune thérapie et meurent pour d’autres raisons. De nombreux facteurs d’origine génétique, toxicologique et liés au régime alimentaire semblent impliqués dans le développement de ce cancer. Les études autoptiques confirment une haute prévalence de cancers asymptomatiques et non diagnostiqués de la prostate chez les hommes dès 30 ans. Cette prévalence augmente avec l’âge, atteignant environ la moitié des hommes de type caucasien au-delà de 80 ans. On retrouve des foyers de cellules cancéreuses dans 30 à 70% des cas lors d’études autoptiques réalisées chez des hommes de 70 à 80 ans ; le cancer de la prostate reste néanmoins le plus souvent asymptomatique. Son incidence augmente (en partie apparente à cause d’un meilleur dépistage). C’est ainsi en France le cancer dont l’incidence a le plus augmenté de 1980 à 2005 (+6,3 %), avec une augmentation annuelle encore accrue de 2000 à 2005 (+8,5%). Il explique à lui seul environ 70% de l’augmentation totale du cancer chez l’homme en France sur ces 25 dernières années. Ceci s’explique pour une grande partie, mais pas totalement, par un meilleur dépistage (Cf. dosage plus systématique du PSA ou « Prostate-specific antigen » en France, depuis la fin des années 1990. Ce dosage nécessite cependant une vérification car l’AFSSAPS n’a trouvé en 2005 que 7 dispositifs de dosage fiables et « acceptables » sur 37 commercialisés).
En 2005 aux États-Unis, on estime que 230.000 nouveaux cas de ce cancer sont apparus et 30.000 décès sont dus à celui-ci.
En France, le dernier rapport de 2023 de l’ Institut National du Cancer donne les chiffres suivants[1] :
- 59.885 nouveaux cas en 2018 en France métropolitaine
Taux d’incidence : -1,1 % par an en moyenne entre 2010 et 2018
Âge médian au diagnostic en 2018 : 69 ans
Prévalence estimée à 643 156 personnes en 2017
- 8.100 décès en 2018
Taux de mortalité : -3,7 % par an en moyenne entre 2010 et 2018
Âge médian au moment du décès : 83 ans
Survie nette standardisée à 5 ans des hommes diagnostiqués entre 2010 et 2015 : 93 % (stable).

Géographie du cancer de la prostate
Il existe d’importantes différences géographiques dans l’expression de ce cancer, qui semble plus fréquent chez les Noirs, ou lorsque la famille possède une histoire pathologique avec ce type d’affection.
De 1983 à 2002, alors que les décès par cancer étaient globalement plus élevés en métropole qu’aux Antilles, les décès par cancer de la prostate et de l’estomac ont été deux fois plus fréquents aux Antilles qu’en métropole (alors que les cancers colorectaux et du poumon étaient trois fois moins fréquents).
La pollution par le Chlordécone est un facteur explicatif, dans le cas des Antilles. En effet, une étude a montré que près de 90 % des Antillais étaient contaminés par l’insecticide.
À l’inverse, le faible taux constaté au Japon pourrait s’expliquer à la fois par des raisons génétiques et par l’alimentation (le thé vert et/ou le soja ou par d’autres aliments riches en sélénium). Ces derniers semblent en effet protéger la plupart des Japonais vivant au Japon (alors que ceux qui vivent aux États-Unis ne le sont pas).

Causes, facteurs de risque
Ses causes sont encore mal comprises, et pourraient souvent être multiples : Une prédisposition génétique et la responsabilité de certains gènes semblent possible, mais faiblement corrélées avec la survenue de la maladie. En particulier, une mutation sur le chromosome 8 pourrait expliquer la plus grande fréquence de ce cancer chez les Noirs américains ;
Un lien avec la testostérone biodisponible semble fréquent.
Charles Brenton Huggins (inventeur de l’hormonothérapie du cancer) a d’abord (à partir des années 1940 et sur la base d’études du cancer métastatique de la prostate) conclu que ce cancer était induit par un excès de testostérone (ou facilité par cette hormone). Mais plus récemment (années 2010) les données disponibles laissent penser qu’une cause plus fréquente est un déficit en testostérone. Un faible taux de testostérone avant l’opération de ce cancer a été liée en 2010 à un risque accru d’agressivité de la tumeur. La taille adulte plus élevée est corrélée avec un risque plus élevé de cancer de la prostate. Des facteurs nutritionnels ont été évoqués. Certains aliments semblent augmenter le risque de cancer de la prostate.
D’après plusieurs études, la consommation de lait de vache augmenterait ce risque après 50 ans, mais d’autres études jugent que ce lien n’est pas significatif ou serait faible. L’augmentation du risque semble liée à l’augmentation du taux d’IGF-1 dans le sang, lui-même corrélé à la consommation de lait]. Certaines études suggèrent que la caséine pourrait aussi avoir un effet sur le cancer de la prostate. Un apport alimentaire excessif en acide phytanique venant des laitages, et notamment du beurre a aussi été relié (2012) à un risque élevé de cancer de la prostate. Pour ces raisons, au nom du principe de précaution, certaines études suggèrent de limiter la consommation de produits laitiers chez les hommes. La surconsommation de calcium semble être un facteur de risque établi. Plusieurs études scientifiques retiennent le lait comme facteur de risque pour les cancers hormono-dépendants comme ceux de la prostate, des ovaires et du sein.
D’autres aliments semblent jouer un rôle protecteur :
- les lycopènes par exemple ;
- les fruits secs ;
- les légumineuses ;
- de même, l’exercice physique pourrait avoir un effet légèrement protecteur ;
- un effet perturbateur endocrinien de certains produits (pesticides notamment) pourrait être en cause.
L’exposition aux pesticides, en particulier le chlordécone, est un facteur possible, car les populations agricoles sont sur-représentées pour ce cancer, qui reste cependant étiologiquement mal compris, et qui nécessite donc encore des recherches, notamment sur les relations et interactions gène–environnement[39]. Le cadmium très présent dans les engrais phosphatés pourrait aussi être en cause ;
Le tabagisme ;
Une infection virale pourrait être parfois impliquée (à moins qu’elle ne soit favorisée par le processus de cancérisation ou une baisse de l’immunité ayant également favorisé le cancer). Le rétrovirus XMRV (Xenotropic MLV - Related Virus), variant du MLV (Virus de la leucémie murine responsable d’une leucémie chez la souris) et pouvant infecter l’homme, a été détecté en 2006 dans certaines tumeurs de la prostate. Il appartient au genre des gammarétrovirus déjà associé à des leucémies et certains cancers chez des rongeurs, félins et primates. Selon une étude américaine publiée en 2010 et ayant porté sur 334 échantillons de tissus de prostate humaine, des protéines semblant provenir de ce virus ont été trouvées dans 23 % des tissus cancéreux (contre 4 % des échantillons « sains »). Et ils étaient plus présents dans les tumeurs les plus agressives[source insuffisante]. Reste à identifier si le virus est la cause ou une des causes de ces cancers ou s’il infecte la prostate des malades parce que ceux-ci présentent une immunité préalablement affaiblie. S’il est en cause, on pourra disposer de biomarqueurs supplémentaires pour ce cancer, voire de nouvelles pistes de prévention ; Le travail de nuit est aussi évoqué (comme pour d’autres cancers dits « hormonaux »).
Des bactéries anaérobies pourraient être associées au déclenchement. Ainsi l’état cancéreux peut être caractérisé par l’étude du microbiome du liquide prostatique.
Une importante ingestion de nitrate au cours de la vie d’adulte par la consommation d’eau du robinet et d’eau en bouteille pourrait également être un facteur de risque.
Cependant, l’ingestion de trihalogénométhanes n’a pas été associée au risque de cancer de la prostate.

Symptomatologie et détection
Ce cancer est le plus souvent asymptomatique, c’est-à-dire qu’il est découvert alors qu’il n’entraîne aucune manifestation lui étant propre. Il est le plus souvent découvert : Lors d’analyses sanguines incluant l’étude du PSA (antigène spécifique de la prostate, dont la valeur prédictive et l’utilisation, sans bénéfice prouvé en matière de santé publique, ont récemment été remises en cause). Le PSA est une protéine normalement sécrétée par les cellules prostatiques, mais une cellule cancéreuse en sécrète 10 fois plus qu’une cellule normale. Cette propriété a suscité de nombreux espoirs en matière de dépistage. Le taux sanguin de PSA peut toutefois être augmenté par de très nombreux autres facteurs (le volume prostatique, les infections et/ou inflammations, des contraintes mécaniques (toucher rectal, autre)...) ou diminué par certains traitements de l’hypertrophie bénigne (finastéride). Les seuils de significativité sont donc difficiles à établir. Il est admis, toutefois, qu’un taux de PSA compris entre 4 et 10 ng/ml est douteux, mais qu’il est nettement significatif au-delà. Certains auteurs ont proposé de rapporter le taux au poids effectif de la prostate, ou d’apprécier le rapport PSA libre / PSA total, ou encore la cinétique de croissance du taux sur 2 ans.
Marqueur encore incertain pour le dépistage, le taux de PSA est en revanche un indicateur essentiel pour le suivi et le traitement des cancers déclarés ;
Lors d’un toucher rectal ; réalisé à titre systématique, ou en raison de symptômes liés à une autre maladie (en particulier l’hypertrophie bénigne de la prostate) ;
Fortuitement, sur des pièces de résection prostatique lors du traitement chirurgical de l’adénome prostatique.
Lorsqu’il est symptomatique, le cancer de la prostate est le plus souvent à un stade avancé. Il peut entraîner :
une rétention aiguë d’urine ;
une hématurie ;
une impuissance sexuelle (dysfonction érectile) ;
une altération de l’état général ;
des douleurs et/ou le dysfonctionnement ou la défaillance d’autres organes liés à la présence de métastases.

Diagnostic
L’orientation diagnostique repose sur deux éléments clés : le dosage sanguin du PSA suivi d’un toucher rectal. L’anormalité de l’un ou de ces deux éléments laisse soupçonner un cancer de la prostate. Il sera confirmé ou infirmé par l’analyse sous microscope d’échantillons de la prostate (biopsies prostatiques transrectales échoguidées).
Seule la positivité de la biopsie autorise à planifier et à commencer le traitement spécifique de ce cancer. Une scintigraphie osseuse à la recherche de métastases osseuses et un TDM abdominopelvien ou une IRM abdominopelvienne pour préciser l’extension de la tumeur dans la loge prostatique ainsi que d’éventuelles métastases ganglionnaires pelviennes, rétropéritonéales ou hépatiques.

Histologie
Le diagnostic est obtenu par des biopsies prostatiques multiples, réalisées de manière échoguidée et par voie transrectale. Elle permet également de réaliser le score de Gleason, de grande valeur pronostique.


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