L’effervescence est palpable ce mercredi matin au cœur du Qatar, où les Verts locaux s’apprêtent à ouvrir leur bal dans la 11e édition de la Coupe arabe. (13h00 à Alger), sur la pelouse impeccablement verte du stade Ahmad bin Ali, l’équipe nationale algérienne, tenante du titre, affrontera le Soudan dans un choc 100 % africain chargé d’histoire.

Quatre ans jour pour jour après leur conquête épique sur ces mêmes terres – une symphonie offensive couronnée par une finale inoubliable face au Maroc –, les protégés de Madjid Bougherra entrent en scène avec l’étiquette de grands favoris. Mais attention : c’est un rematch face au même bourreau qu’en 2021, plié 4-0 à l’époque.
Aujourd’hui, les vents ont tourné, et les Faucons soudanais, dopés par leur préparation à la CAN 2026, promettent une rude empoignade.
La coïncidence a des allures de destin taquin : ce duel inaugural recèle une saveur particulière pour un Soudan qui aligne son équipe première, assoiffé de revanche. Les Nilotes, qui ont tutoyé les sommets en qualifications pour la Coupe du monde – en tête de leur groupe avant un faux pas fatal en fin de course – débarquent avec une intensité physique et une maturité continentale qui forcent le respect.
« C’est un adversaire qui ne pardonne pas les erreurs », confie un observateur qatari, rappelant leur parcours honorable en CHAN récent.
Pour Bougherra, dont les ouailles ont affûté leurs armes lors d’un stage studieux, cette ouverture n’a rien d’une sinécure. La défense verte, encore perfectible après des tests mitigés, pourrait trembler face au pressing haut des Soudanais. Pourtant, dans l’air tiède de Doha, l’optimisme règne : « Chaque rencontre est une finale, et nous y allons pour la gagner », assène le sélectionneur, les yeux rivés sur l’horizon.
Malgré les pièges tendus par ce tournoi imprévisible – où les tenants tunisiens et l’hôte qatari ont déjà mordu la poussière dès leurs premiers pas –, les Algériens regorgent d’atouts pour dicter leur loi. Bougherra, l’icône du Mondial 2010 reconvertie en tacticien inspiré, s’appuie sur un vivier offensif unanimement salué par les experts, jugé même plus pimenté que celui de l’équipe A. « Notre force, c’est la variété et la profondeur », martèle-t-il, évoquant un arsenal capable de déverrouiller n’importe quelle forteresse. Avec des joyaux comme Adam Ounas en fer de lance, Adil Boulbina en percussion et un Islam Slimani en joker de luxe, les Verts visent un départ en fanfare. Les trois points en jeu ? Un tremplin idéal pour aborder sereinement le reste du groupe B, où l’Irak et d’autres outsiders guettent la moindre faille.

Une composition au cordeau : Yssli en première ligne, retour en force d’Ounas en vue

Les lignes de la formation se précisent au fil des dernières séances, marquées par les pépins et les arrivées express. Devant les cages, la nouveauté pourrait couler de source : Ryan Yssli, le gardien canado-algérien de 22 ans, s’apprête à signer son baptême du feu en Vert, reléguant Ferid Chaâl sur le banc.
« C’est un talent brut, prêt à exploser », s’enthousiasme un membre du staff, impressionné par ses parades en MLS Next Pro. En charnière, un quatuor affûté émerge des entraînements : Reza Halaimia verrouille le flanc droit, Noufel Khassaf le gauche, tandis qu’Abdul Qader Bedrane et Achraf Abada forment un tandem central rodé – une ligne appelée à absorber les assauts soudanais sans broncher.
Au cœur du jeu, les choix s’affinent avec précision. Victor Lakhal et Soufiane Bendabka, fraîchement remis de bobos, ancreront la récupération, libérant Amir Saoud pour orchestrer les montées. Le virtuose de 28 ans, épanoui au Saudi Pro League, est le joyau sur lequel Bougherra mise gros : « Amir, c’est notre métronome, il fait chanter l’équipe. » Devant, les perspectives s’ouvrent en éventail, mais les absences piquent : Yacine Brahimi, touché, boudera les deux premières journées et ne refera surface qu’avant l’Irak.
Boulbina colmatte l’aile gauche avec sa vitesse foudroyante, quand Ounas – maître à jouer incontesté – tiendra la droite, sauf si Bougherra opte pour la prudence face à l’engagement physique attendu. En pointe pure ? Houari Berkane, auréolé de toute la confiance du coach, semble prédestiné à faire sauter le verrou.
« Le Soudan, on les connaît pour les avoir croisés en CHAN : une équipe équilibrée, expérimentée, avec un fonds physique impressionnant. Leur leadership en qualifs mondiales en dit long sur leur niveau, sans oublier leur solidité récente », analyse Bougherra, serein mais vigilant, lors de sa conférence de presse matinale. L’ancien latéral droit, passé maître dans l’art de la gestion d’effectif, se dit « enchanté des conditions qataries, d’une préparation au top ». Et d’enchaîner : « On porte le costume de champions, avec la ferme intention de le conserver. Cette génération est fraîche, mais déterminée. Priorité à la qualif’ en tête de groupe, et ensuite... le trophée n’est pas loin. » Une feuille de route pragmatique : un pas après l’autre, dans un collectif où les éclairs individuels (Ounas, Saoud) servent l’harmonie générale.

Boulbina, l’étincelle verte :
« Le A, un rêve... mais ici, on est les as de la classe ! »

Adil Boulbina, l’ailier tranchant du dehil, irradie la joie pure ce mercredi. Promu en urgence, il symbolise cette fusion de fraîcheur et d’ambition qui électrise les fans. « Une compétition XXL, on bosse dans l’idéal, et on mesure le poids sur nos épaules : représenter l’Algérie, viser le doublé dès le coup d’envoi. On entre pour l’emporter, un point c’est tout », déclare-t-il, gonflé à bloc, en marge de la même causerie. Son Graal, l’équipe A ? Il esquive avec classe : « Évidemment, c’est le rêve de tout gamin du quartier. Mais là, je suis à fond avec les locaux – c’est notre sélection première ! On a les armes pour en mettre plein la vue, et incha Allah, on honorera la ferveur du public. »
À 23 ans, buteur vorace en championnat du Qatar , Boulbina chérit le vestiaire cosmopolite : « Jouer avec des cadors comme Ounas ou Saoud, c’est du pur apprentissage. Leurs tips sur le mental, les galères du terrain... Ça me booste. On rêve tous de les aider à garder ce bijou arabe conquis il y a quatre ans. » Un cri du cœur : l’unité avant tout, dans un noyau où l’expertise saoudienne (Bendabka, Saoud) danse avec la fougue nationale.

Flashback 2021 : Bougherra, le magicien des surprises

Souvenez-vous de la Coupe arabe précédente : une saga triomphale pour les Verts, malgré les absences cuisantes de Baghdad Bounedjah ou d’autres piliers. Bougherra, alors dans l’ombre, avait émergé en chef d’orchestre, variant les compositions comme un maestro – 4-0 face au Soudan, puis des tweaks face au Liban et l’Égypte. Aujourd’hui, la recette se répète : un réservoir offensif XXL (Slimani en renfort, Brahimi en point d’orgue, Ounas en symphoniste) impose la flexibilité. Les supporters, eux, vibrent d’impatience : Yssli pour un exploit inaugural ? Chaâl pour l’assurance ? Le milieu Lakhal-Bendabka-Saoud s’annonce comme un rouleau compresseur. Et en attaque, ce trio Ounas-Boulbina-Berkane pourrait enflammer, pourvu que l’arrière-garde – talon d’Achille chronique – tienne la dragée haute.
Les pundits le martèlent : une victoire inaugural, par le jeu et le score, serait un uppercut aux rivaux. « Bougherra ne vise pas les médailles, mais l’immortalité », décrypte un expert de beIN Sports. À 43 ans, l’ex-capitaine des Verts, forgé au feu des grandes heures brésiliennes 2010 aux côtés de Slimani et Brahimi, pourrait apposer sa signature en or sur ce tournoi. Face à un Soudan affûté, pas d’autre choix : dominer, ou périr dans l’embuscade. Le sifflet retentit dans quelques heures, et Doha palpite d’un vert conquérant. Que l’épopée (re)démarre – les Verts sont prêts à réécrire l’histoire.