Dans un contexte économique marqué par des défis structurels persistants, le Gouvernement algérien déploie une série d’initiatives stratégiques pour stimuler l’entrepreneuriat chez les jeunes, avec en fil rouge l’intégration progressive des mécanismes de financement islamique. L’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat (NASDE), placée sous la tutelle du ministère de l’Économie de la connaissance, des Start-ups et des Petites et moyennes entreprises (PME), joue un rôle central dans cette transition vers un modèle de développement plus inclusif et conforme aux valeurs de la charia.
Cette approche, qui se distingue par son caractère éthique et participatif, ne vise pas seulement à faciliter l’accès au capital pour les porteurs de projets âgés de 18 à 35 ans, mais aussi à promouvoir une économie plus durable sur le plan social, éloignée des pièges de l’endettement conventionnel qui a longtemps entravé les aspirations des jeunes Algériens.
Le besoin d’un tel filet de sécurité est évident : avec un taux de chômage des jeunes flirtant toujours avec les 20%, malgré les avancées notables en matière de diversification économique, l’Algérie cherche à canaliser l’énergie de sa jeunesse dans la création d’emplois durables et innovants. L’intégration de la finance islamique, qui repose sur des principes d’équité et de partage des risques plutôt que sur l’usure (riba), représente un outil stratégique idéal pour cette révolution discrète. Aujourd’hui, plus de 60% des Algériens privilégient les produits financiers islamiques, selon une enquête nationale menée par la Banque d’Algérie, en phase avec les aspirations d’une population sensible aux valeurs religieuses et éthiques. Cette préférence culturelle n’est pas qu’un détail : elle constitue un levier puissant pour réduire les risques d’exclusion financière et stimuler la création d’activités petites et moyennes à travers tout le pays, des métropoles du Nord aux régions sahariennes du Sud.
Dans une réponse détaillée adressée au député Tahar Ben Ali au sein de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a affirmé que l’intégration de la finance islamique forme un pilier des nouvelles orientations de l’agence. « Les activités principales de la NASDE, dans le cadre de ses nouvelles directives, se concentrent sur trois axes fondamentaux : la formation, l’accompagnement et le financement », a-t-il déclaré, en insistant sur le caractère holistique de cette approche. Loin de se limiter à un modèle purement financier, l’agence investit massivement dans la formation des porteurs de projets, en les dotant d’outils concrets en entrepreneuriat et en gestion d’entreprise. Ces formations sont dispensées dans les centres de développement de l’entrepreneuriat récemment créés à l’échelle nationale, implantés dans les universités publiques et les établissements de la formation professionnelle. Avec plus de 50 centres opérationnels à ce jour, ces structures ont déjà formé près de 10.000 jeunes depuis leur lancement en 2024, selon les chiffres internes du ministère, couvrant des thématiques variées comme la rédaction de business plans, la gestion des ressources humaines ou l’intégration du numérique dans les PME.
L’accompagnement, deuxième axe clé de cette stratégie, dépasse la simple orientation initiale pour offrir un suivi personnalisé des micro-entreprises tout au long de leur cycle de vie. Il s’agit d’un parcours structuré : de la phase de cristallisation de l’idée – où les porteurs de projets apprennent à valider la viabilité de leur concept via des outils analytiques comme l’analyse SWOT ou les études de marché simplifiées – jusqu’à la période post-lancement, caractérisée par des conseils en croissance (scaling-up) et en gestion des risques opérationnels. Cette méthode intégrée ambitionne de réduire drastiquement le taux d’échec des start-ups, qui avoisine les 70% dans les pays émergents dépourvus de soutien structuré. Par exemple, dans les wilayas du Sud comme Tamanrasset ou Adrar, où l’entrepreneuriat dans les secteurs agricole et touristique connaît un essor fulgurant, l’agence déploie des mentors locaux formés pour adapter ces accompagnements aux réalités régionales, favorisant une décentralisation économique véritablement inclusive et adaptée aux spécificités locales telles que les chaînes d’approvisionnement limitées ou les opportunités liées aux énergies renouvelables.
C’est, cependant, le volet financement qui attire particulièrement l’attention dans cette réforme ambitieuse, car il matérialise le passage concret vers une économie plus équitable et accessible. À l’heure actuelle, la NASDE s’appuie sur la formule du prêt non rémunéré, connu sous le nom de qard hasan dans le cadre de la finance islamique. Ce mécanisme, qui s’apparente à un crédit bienveillant exempt total d’intérêts, couvre une fourchette comprise entre 15% et 50% de la valeur totale de l’investissement, en fonction du modèle sélectionné : soit un financement binaire, où l’agence et le porteur de projet partagent équitablement les coûts à hauteur de 50% chacun, soit un financement ternaire impliquant un partenaire bancaire pour une répartition plus large des risques et une meilleure couverture des besoins. Cette formule s’étend logiquement au financement d’exploitation – pour pallier les besoins en fonds de roulement courants – et à la location d’équipements essentiels, évitant ainsi les pièges vicieux des prêts classiques où les intérêts cumulés peuvent alourdir la charge financière jusqu’à la doubler en quelques années seulement.
« Pratiquement, cette formule, en tant que prêt bienveillant exempt d’intérêts, est pleinement alignée sur les principes de la charia islamique, particulièrement dans le cadre du financement binaire où le partage est équitable à 50% entre l’agence et le porteur de projet », a souligné le ministre dans sa réponse à l’APN. Ce qard hasan n’est pas une mesure isolée ou improvisée : il puise dans une tradition islamique millénaire qui valorise la solidarité communautaire, tout en répondant aux exigences d’un secteur bancaire algérien en pleine mutation profonde. Depuis l’adoption de la loi sur la finance islamique en 2020, plus de 20 banques ont inauguré des guichets dédiés, représentant déjà 15% des actifs bancaires totaux au niveau national, d’après les rapports officiels de la Banque centrale. Cette expansion fulgurante – qui a doublé en l’espace de cinq ans – témoigne de l’appétit vorace du marché pour des alternatives éthiques, particulièrement chez les jeunes générations qui perçoivent dans ces produits une voie royale vers l’autonomie financière sans trahir leurs convictions morales ou religieuses.
La NASDE ne se contente, toutefois, pas de ce socle existant. Le ministère et l’agence œuvrent avec ardeur à élargir l’éventail des options disponibles, en intégrant de nouveaux produits financiers rigoureusement conformes à la charia, au sein d’un programme de réformes structurelles en cours d’exécution. Ce processus s’harmonise à merveille avec l’évolution accélérée du secteur bancaire, où des institutions comme Al Baraka Bank ou la Banque islamique de développement (BID) innovent avec des instruments sophistiqués tels que la mudarabah (un partenariat basé sur le partage des bénéfices et des pertes) ou la musharakah (une société en participation où les risques sont mutualisés). L’objectif ultime reste limpide : rendre ces outils immédiatement accessibles aux micro-entreprises, qui forment 95% du tissu économique algérien et absorbent plus de 70% de la main-d’œuvre non agricole, souvent dans des secteurs vulnérables comme le commerce de détail ou les services informels.
Un jalon décisif a été franchi le 17 mars 2025, à travers l’organisation d’une journée d’information thématique consacrée aux « Solutions de financement en finance islamique ». Placée sous l’égide directe du ministère et co-organisée avec la Caisse populaire d’Algérie (CPA), cette rencontre a rassemblé des dizaines de dirigeants de micro-entreprises et de porteurs de projets en herbe. Tenue à Alger en présence de plus de 200 participants issus de toutes les régions, l’événement a mis en exergue des instruments taillés sur mesure pour les besoins quotidiens : la murabaha, un contrat de vente à marge bénéficiaire fixe pour l’acquisition d’équipements tels que des machines agricoles, des véhicules utilitaires ou des ordinateurs pour des start-ups technologiques ; et l’ijara muntahia bi-tamlik, une formule de location-vente qui autorise l’acquisition progressive d’un bien sans endettement immédiat ni paiements prohibitifs. Ces démonstrations, ponctuées de cas d’études concrets – à l’image d’une jeune entrepreneure originaire d’Oran qui a financé son atelier de transformation agroalimentaire grâce à une murabaha –, n’ont pas seulement sensibilisé les acteurs présents, mais ont également catalysé des échanges riches sur l’intégration graduelle de ces formules au sein des mécanismes de financement de la NASDE.
Cette journée a agi comme un véritable catalyseur pour démystifier les barrières d’entrée dans la finance islamique, en montrant comment ces outils évitent les clauses potentiellement abusives des prêts traditionnels. La murabaha, par exemple, opère comme une vente différée à un prix convenu incluant une marge bénéficiaire transparente et non spéculative, en totale conformité avec les interdits de la charia. De son côté, l’ijara offre une souplesse remarquable pour les start-ups en phase de démarrage, où les flux de trésorerie restent irréguliers et imprévisibles. À long terme, ces innovations pourraient injecter des milliards de dinars frais dans l’économie réelle, en soutenant prioritairement des secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire (transformation locale des produits du terroir), le numérique (développement d’applications mobiles halal) ou l’artisanat (revitalisation des métiers traditionnels), qui constituent les piliers incontestés de la diversification économique prônée par le Plan national de relance et de croissance.
En complément de ces avancées bilatérales, un rendez-vous stratégique de coordination s’est déroulé le 25 septembre 2025 entre la NASDE et l’établissement public « Algérie Takaful », véritable pionnier de l’assurance takaful – ou participative – strictement conforme à la charia en Algérie. En tant que première institution de ce genre dans le pays, Algérie Takaful propose des produits d’assurance mutuelle où les cotisations des adhérents sont gérées comme un fonds commun solidaire, redistribué en cas de sinistre sans recours au principe de profit spéculatif prohibé. Cette rencontre, focalisée sur les opportunités de partenariat mutuellement bénéfique, a exploré en profondeur les voies d’intégration de ces assurances islamiques au sein de l’écosystème global de soutien aux micro-entreprises. Imaginez un jeune entrepreneur de Blida initiant une ferme avicole moderne : il pourrait non seulement financer son projet via un qard hasan de la NASDE, mais aussi le protéger contre les aléas climatiques ou sanitaires grâce à une police takaful dédiée, le tout dans un cadre éthique irréprochable.
« L’assurance takaful complète de manière idéale nos offres de financement existantes, en couvrant les risques opérationnels sans imposer de primes excessives ou discriminatoires », a expliqué un responsable de l’institution lors de cette session de travail. Ce partenariat embryonnaire pourrait rapidement s’étendre à des produits hybrides innovants, tels que des packages combinant financement initial et assurance pour des investissements verts ou durables, parfaitement alignés sur les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Onu que l’Algérie s’est engagée à atteindre d’ici 2030. Dans un pays exposé aux caprices du climat – inondations dévastatrices dans le Nord, sécheresses prolongées au Sud –, qui impactent annuellement des milliers de micro-entreprises naissantes, cette couche supplémentaire de protection pourrait faire toute la différence entre une survie précaire et une faillite évitable, renforçant ainsi la résilience du tissu économique local.
Au-delà de ces initiatives ciblées, la NASDE pilote en ce moment une révision approfondie de l’accord ternaire, en collaboration étroite avec les banques publiques dominantes comme la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) ou la Banque nationale d’Algérie (BNA). L’ambition est d’intégrer officiellement les formules de financement islamique dans la nomenclature standard de l’agence, afin de répondre avec précision aux besoins spécifiques des micro-entreprises en matière d’investissement productif et d’exploitation courante. Cette formalisation attendue pour mi-2026 impliquera l’élaboration de protocoles standardisés pour évaluer la conformité charia des projets soumis, avec le concours d’un comité mixte composé de savants religieux, d’experts financiers et de juristes spécialisés. « Notre direction ministérielle travaille en étroite coordination avec les banques et les institutions de financement islamique pour inscrire des produits financiers conformes à la charia au sein de l’appareil de l’agence », a réaffirmé le ministre, scellant ainsi un engagement solennel pour une implémentation graduelle et méthodique.
Ce vaste processus s’inscrit au cœur d’un programme de réforme globale, encore plus ambitieux, qui aspire à moderniser l’ensemble des outils de financement public et à propulser l’entrepreneuriat au rang de moteur principal de la croissance inclusive. Lancé en 2023 sous l’impulsion du Président Abdelmadjid Tebboune, ce programme consacre déjà 500 milliards de dinars annuels au soutien des PME et micro-entreprises, avec une part en constante augmentation – atteignant 30% en 2025 – réservée aux instruments islamiques innovants. Les transformations économiques et financières en cours, incluant la numérisation accélérée des services bancaires, l’ouverture sélective aux investisseurs du Golfe et la promotion des fintech halal, dynamisent cette trajectoire ascendante. Des nations comme la Malaisie ou les Émirats arabes unis, incontestables leaders mondiaux en finance islamique avec des actifs cumulés dépassant les 3.000 milliards de dollars, servent de benchmarks inspirants : l’Algérie pourrait émerger comme un hub régional attractif, captant des flux de capitaux conformes pour financer ses priorités en énergie renouvelable, en agriculture durable et en technologies disruptives.
Les retombées sociétales de ces réformes sont tout aussi profondes et multifacettes. Pour les jeunes Algériens, souvent découragés par un système bancaire perçu comme opaque, excluant et distant, ces évolutions représentent une bouffée d’oxygène salvatrice. Prenez l’exemple fictif mais emblématique d’Amina, 28 ans, ingénieure en informatique basée à Constantine : grâce à un qard hasan octroyé par la NASDE, elle a pu lancer sa start-up dédiée au développement d’applications mobiles pour l’agriculture intelligente, employant aujourd’hui cinq collaborateurs et générant des revenus stables et croissants. Des trajectoires similaires se multiplient à travers le pays : en 2024 seul, plus de 15.000 micro-entreprises ont vu le jour sous l’égide de l’agence, dont 40% opèrent dans des secteurs avant-gardistes comme l’e-commerce halal, les services fintech islamiques ou les solutions d’énergie solaire communautaire. Cette effervescence créative ne se contente pas de juguler le chômage structurel ; elle fortifie la cohésion sociale en valorisant l’initiative individuelle au sein d’un cadre collectif solidaire, où le succès de l’un profite à la communauté entière.
Malgré ces avancées prometteuses, des obstacles subsistent et méritent une attention soutenue. La sensibilisation populaire reste un défi majeur : nombre de jeunes, bien que motivés, ignorent encore les nuances entre un prêt conventionnel classique et une murabaha sophistiquée, ou appréhendent une bureaucratie administrative alourdissante. C’est dans cette optique que la NASDE envisage de déployer des campagnes digitales massives, via des applications mobiles intuitives, des webinaires interactifs et des tutoriels en ligne accessibles, pour démocratiser l’information et abaisser les seuils d’entrée. Par ailleurs, l’évaluation rigoureuse de la conformité charia des produits et projets doit être inflexible pour prévenir les dérives observées ailleurs, comme dans certains marchés émergents où des offres soi-disant « islamiques » camouflent des pratiques spéculatives contraires aux principes fondamentaux. Enfin, l’inclusion des femmes entrepreneures – qui ne représentent que 20% des bénéficiaires actuels, malgré un potentiel sous-exploité – doit être priorisée via des quotas dédiés, des formations genrées et des facilités spécifiques pour concilier maternité et ambition professionnelle. À l’horizon 2030, ces réformes holistiques pourraient redessiner en profondeur le paysage économique algérien : une jeunesse émancipée et outillée, des entreprises résilientes face aux chocs exogènes, et une finance publique alignée sur des valeurs partagées et universellement respectées. Comme le résume avec éloquence le ministre : « Ce n’est pas uniquement du financement technique ; c’est un empowerment éthique profond pour édifier un avenir prospère, juste et solidaire. » Les jeunes entrepreneurs, placés en première ligne de cette révolution silencieuse mais inexorable, guettent avec impatience les concrétisations pratiques pour métamorphoser ces visions audacieuses en opportunités tangibles et multiplicatrices. L’Algérie, héritière de civilisations millénaires et de traditions de générosité légendaires, pourrait bien renaître comme un phare d’innovation inclusive, où la charia intemporelle et l’entrepreneuriat moderne convergent pour tisser un nouveau contrat social durable et équitable, au bénéfice de générations futures.