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Edition du 26 Novembre 2025



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Dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus
Bechar au rendez-vous d’un engagement humain
26 Novembre 2025

Devenue une tradition, chaque année, l’Octobre rose’ est célébré dans le sud-ouest du pays avec un engagement sans faille.

En effet, malgré les moyens matériels médicaux manquant ceci est compensée par la solidarité et l’humanisme des médecins, des paramédicaux, des associations et des bénévoles. Ainsi, cette année la campagne qui a débuté le 25 septembre 2025 s’est clôturée le 6 novembre de la même année en organisant une journée scientifique, d’évaluation avec la présence des autorités sanitaires, au sein de la faculté de médecine de la dites wilaya.

Genèse du dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus à Béchar
Dre Amel Bendouda principale
organisatrice fait le point
Docteure Amel Bendouda, cheffe du service d’histologie, d’embryologie et de génétique clinique à l’hôpital 240 lits de Béchar, retrace l’historique et l’origine du programme du dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus dans le Sud-ouest algérien. « En premier lieu, le programme de dépistage des deux principaux cancers féminins, a été élaboré en 2001 par le Professeur Chafi Belkacem, gynécologue et cancérologue à Oran. Ce programme lancé est soutenu par la Dre Amel Bendouda avec l’aide de plusieurs associations. Le Prof chafi a participé à la formation des screeners, étape déterminante sans laquelle la mise en œuvre de ce programme aurait été impossible. Une fois ce dispositif mis en place, il a été ensuite déployé par la Direction de la Santé Publique (DSP), l’hôpital Tourabi Boudjamaa, appelé (« hôpital des 240 lits »), le Centre local de lutte anticancer (CLCC) et les Établissements Publics de Santé de Proximité (EPSP), avec l’appui actif des associations locales, notamment l’association El Fedjr, très engagée dans ce domaine. Depuis près d’un quart de siècle, les campagnes d’Octobre Rose se déroulent ainsi chaque année dans la région. Autrefois, le manque de cytologistes obligeait l’envoi des lames au CHU d’Oran, allongeant ainsi les délais de prise en charge. Sous la supervision du Dre Amel Bendouda, les centres de dépistage existants ont été réorganisés et rendus pleinement opérationnels grâce au perfectionnement des cytologistes locaux. Ainsi, depuis son arrivée à Bechar en 2017, Dre Amel Bendouda dirige ce réseau de dépistage. La cheffe de service en cytologie a également assuré la direction de la formation médicale continue et a encadré plusieurs scrineers en cytologique. Il est important de rappeler que certaines femmes, dont les maris refusent qu’elles se presentent en consultation, ne sont pas pour autant laissées pour compte. La docteure Amel Bendouda en a fait une véritable mission de cœur. Bénévolement, elle se déplace jusqu’à leur domicile, équipée de son matériel médical, pour les examiner, effectuer les prélèvements nécessaires et s’assurer qu’aucune d’entre elles ne soit privée de soins.

Centres de dépistage :
une activité permanente
La formation de spécialistes locaux constitue aujourd’hui un progrès majeur, permettant un traitement plus rapide et plus efficace des dossiers. Ces centres assurent désormais le dépistage tout au long de l’année, sans interruption. Les structures impliquées comprennent notamment : l’hôpital 240 lits, le CLCC, les EPSP de Taghit, Béni Abbès, Béni Ounif, Naâma, Boutbiga, Ouled Khoudir et Kerzaz.

Octobre Rose 2025 à Béchar :
une mobilisation collective
La campagne ‘Octobre Rose’ 2025 à Béchar a bénéficié de la contribution : de l’Institut National de Santé Publique (INSP), de l’Observatoire régional du Sud-ouest, de l’hopitale des 240 lits, des médecins et infirmières urgentistes, de la maternité Mohamed Boudiaf, du CLCC, de la Société des sages-femmes de la Saoura, des associations, Ami du malade et El Fajr ainsi que des différents EPSP de la wilaya. Compte tenu de la sensibilité du sujet, notamment pour les patientes issues de zones éloignées, le programme bénéficie du soutien technique de la faculté de médecine et de l’appui des autorités pour garantir la sécurité lors des déplacements en campagne.

Le Professeur Belkacem Chafi
prête main forte à ces campagnes humanitaires
Ainsi, le 3 novembre 2025, aux dernières journées de cette campagne, au niveau de l’hôpital des 240 lits, très top dans la matinée, les patientes commencent à affluées et les couloirs de cet Établissement bruissaient d’une agitation particulière. Des femmes de tous âges, parfois venues, pour consultation ou pour présenter les résultats de leurs examens à l’équipe médicale. En salle de consultation, le professeur Belkacem Chafi, venu d’Oran, fidèle partenaire de ces actions humanitaires et scientifiques était sur place aux cotés de la cheffe de service de cytologie, Dr Amel Bendouda, Mme Biara, et d’autres sages femmes. Le professeur émérite Belkacem Chafi a une fois de plus prêté main-forte à ses collègues de Béchar. « C’est une responsabilité collective », confie le spécialiste avec humilité. Le professeur Chafi n’a en effet jamais manqué de répondre présent chaque fois que la cause de la santé publique l’appelait.
« La médecine ne s’arrête pas aux frontières des villes », rappelle-t-il, soulignant l’importance de mobiliser tous les moyens disponibles, y compris les médias, pour renforcer la sensibilisation autour de la prévention, du diagnostic précoce des cancers féminins et du suivi régulier des patientes. Par ses mots empreints de conviction, le professeur Chafi rappelle que la médecine, avant tout, est un acte de solidarité humaine.« La misère n’est pas moins pénible
sous le soleil ardent de Béchar »
Dans la salle d’attente de l’hôpital des 240 lits, à Béchar, les patientes rencontrées livrent leurs mots avec pudeur, mais aussi avec une lucidité bouleversante. Dans cette région reculée du sud algérien, nombre de familles vivent au seuil, parfois même bien en dessous de la pauvreté absolue. Le quotidien y est une lutte, silencieuse mais féroce. Les conditions sociales et économiques y sont d’une fragilité extrême, au point que le moindre examen médical devient un luxe inaccessible. Assumer les frais d’un scanner, d’une biopsie, d’une radiographie ou même de simples analyses biologiques, relève pour beaucoup d’un défi insurmontable. Au niveau du secteur public les pannes répétées des équipements alourdissent encore davantage leur détresse. Chaque attente devient une épreuve. Chaque jour perdu, une peur de plus que la maladie ne progresse. « La maladie n’attend pas que les machines de radiothérapie soient fonctionnelles pour surgir », souffle, d’une voix brisée mais ferme, une patiente.

Un constat glaçant, qui résonne comme une vérité trop longtemps ignorée.
Pourtant, au milieu de cette chaleur qui consume les corps autant que les espoirs, surgissent parfois des gestes de lumière. Des âmes généreuses , des voisins, des anonymes, des gens un peu plus aisés, règlent discrètement les frais d’examens, apportent nourriture, eau potable, vêtements chauds.
Car ici, dans ces étendues du Sud, l’hiver peut piquer jusqu’à zéro degré, rappelant que la misère change de visage selon les saisons, mais jamais de violence. Grâce à ces élans de solidarité, l’humanisme continue de briller là où la pauvreté tente d’étouffer toute dignité. Et dans les yeux de ces femmes, que le vent du sud a brûlés mais jamais éteints, demeure une force tranquille. Une force qui refuse de plier. Une force qui persiste, même lorsque tout semble perdu.

Par : Ourida Ait Ali

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