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L’Algérie face au défi de la sécurité alimentaire
une baisse de l’inflation offre un répit
29 Septembre 2025

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la sécurité alimentaire, publié en septembre 2025, révèle une baisse significative de l’inflation alimentaire en Algérie au cours des derniers mois. Passant de 7,3% en mars à 5,1% en août, cette décrue reflète un recul des prix de certains produits de base, malgré les pressions persistantes liées à la volatilité des importations et à l’inflation mondiale.

Ce ralentissement offre un répit bienvenu aux ménages algériens, dont le pouvoir d’achat a été érodé par une flambée des prix depuis 2024. Cette amélioration, notée à la page 16 du rapport, intervient dans un contexte où l’Algérie s’efforce de diversifier son économie et de réduire sa dépendance aux importations, tout en renforçant sa résilience face aux chocs externes.
Dans la région nord-africaine, les dynamiques varient. La Tunisie, par exemple, a bénéficié d’une saison agricole exceptionnelle grâce à des pluies abondantes, avec une production céréalière atteignant 1,9 million de tonnes. Ce succès, combiné à des importations stables et à des mesures gouvernementales, a garanti une abondance relative sur les marchés tunisiens. En revanche, le Maroc, la Libye et la Mauritanie restent confrontés à des fluctuations de prix dues à leur dépendance aux importations et aux aléas climatiques. Ces pays subissent de plein fouet les hausses des coûts de l’énergie et du transport, amplifiées par les crises mondiales, notamment les tensions géopolitiques et les perturbations des chaînes d’approvisionnement. Le rapport souligne que l’Afrique du Nord, malgré ces défis, affiche une situation alimentaire plus stable que d’autres régions du continent, comme le Soudan ou l’Afrique de l’Est, où des millions de personnes font face à des niveaux critiques de famine. Les projections de la Banque mondiale sont alarmantes : d’ici 2030, plus de 60% des personnes souffrant de la faim vivront en Afrique. Ce constat presse les gouvernements de la région à accélérer les réformes agricoles, à investir dans des pratiques durables et à renforcer les stratégies de sécurité alimentaire pour réduire leur vulnérabilité aux marchés internationaux. En Algérie, les autorités ont multiplié les initiatives pour contrer ces défis. Lors de son récent entretien avec les médias nationaux, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé que l’inflation globale a chuté à 3,8%, un chiffre encourageant qui reflète les efforts pour stabiliser les prix. Ces mesures incluent des subventions renforcées sur les produits de première nécessité, comme le blé, l’huile et le sucre, ainsi qu’un soutien accru aux agriculteurs locaux. Le gouvernement mise également sur l’expansion des terres agricoles dans le Sud, où des projets ambitieux, comme ceux supervisés par l’Office de développement des cultures industrielles en terres sahariennes (Oda), visent à augmenter la production locale de céréales et de légumes. Cependant, les obstacles restent nombreux. La dépendance aux importations, qui représentent près de 70% des besoins alimentaires selon certaines estimations, expose l’Algérie aux variations des prix mondiaux. Les céréales, principal pilier de l’alimentation, sont particulièrement vulnérables : les sécheresses récurrentes et les coûts croissants des intrants agricoles (engrais, carburants) pèsent sur la production. À cela s’ajoutent les défis logistiques, comme l’accès à l’eau pour l’irrigation et la modernisation des infrastructures rurales. Le rapport de la Banque mondiale insiste sur la nécessité d’adopter des technologies agricoles innovantes, comme les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte ou les cultures résistantes au climat, pour maximiser les rendements tout en préservant les ressources hydriques.
Au niveau régional, les disparités climatiques aggravent les inégalités. Si la Tunisie profite de conditions météorologiques favorables, le Maroc subit des sécheresses récurrentes qui ont réduit sa production céréalière de 30 % par rapport à 2023, selon les données de la FAO. La Libye, quant à elle, pâtit d’une instabilité politique qui complique la gestion des importations alimentaires, tandis que la Mauritanie lutte contre l’insécurité alimentaire dans ses zones rurales, où 15% de la population dépendent de l’aide humanitaire. Ces défis communs soulignent l’urgence d’une coopération régionale renforcée, notamment via des plateformes comme l’Union du Maghreb arabe, pour harmoniser les politiques agricoles et sécuriser les approvisionnements. En Algérie, le gouvernement a lancé plusieurs programmes pour contrer ces vulnérabilités. Le Plan national de développement agricole 2020-2030, par exemple, ambitionne de doubler la production locale de blé dur d’ici 2027, grâce à l’extension des terres irriguées et à l’introduction de semences améliorées. Des incitations financières, comme des prêts à taux bonifiés, encouragent les jeunes agriculteurs à investir dans les régions sahariennes, où le potentiel agricole reste sous-exploité. Par ailleurs, des partenariats avec des pays comme la Chine et la Turquie visent à moderniser les équipements agricoles, réduisant ainsi la dépendance aux importations de machines. Le rapport de la Banque mondiale met également en garde contre les risques climatiques à long terme. Avec des températures en hausse et des précipitations de plus en plus erratiques, l’Afrique du Nord pourrait voir ses rendements agricoles chuter de 20% d’ici 2050 sans mesures d’adaptation. L’Algérie, consciente de ces enjeux, a investi dans des stations de dessalement pour sécuriser l’approvisionnement en eau, tout en développant des projets de recherche sur les cultures résistantes à la salinité. Ces initiatives, bien que prometteuses, nécessitent un financement soutenu et une coordination intersectorielle pour porter leurs fruits. Sur le plan social, la baisse de l’inflation alimentaire soulage les ménages, mais les inégalités persistent. Les zones rurales, où vivent 30% des Algériens, restent les plus touchées par la précarité alimentaire. Les programmes de subventions, bien qu’efficaces, ne suffisent pas à combler l’écart entre les régions urbaines et rurales. La Banque mondiale recommande de renforcer les filets sociaux, comme les distributions alimentaires ciblées, tout en investissant dans l’éducation agricole pour autonomiser les communautés locales.
À l’échelle régionale, les exemples de résilience ne manquent pas. La Tunisie, par exemple, a diversifié ses sources d’importation pour réduire les risques liés aux fluctuations des marchés mondiaux. Le Maroc, malgré ses défis, a lancé un ambitieux programme de reboisement pour lutter contre la désertification, tandis que l’Égypte mise sur la mécanisation agricole pour augmenter ses rendements. Ces initiatives pourraient inspirer l’Algérie, qui dispose d’un potentiel immense grâce à ses vastes terres sahariennes et à ses ressources en eau souterraine. En conclusion, la baisse de l’inflation alimentaire en Algérie est une bouffée d’oxygène pour les ménages, mais elle ne doit pas masquer les défis structurels. La dépendance aux importations, les aléas climatiques et les disparités régionales exigent des réformes audacieuses. En s’appuyant sur l’innovation, la coopération régionale et les investissements stratégiques, l’Algérie peut consolider sa sécurité alimentaire et devenir un modèle de résilience pour l’Afrique du Nord. Le chemin est long, mais les premiers pas, comme cette décrue de l’inflation, montrent que le cap est fixé.


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