L’ouverture de la quatrième édition de l’Exposition du commerce intra-africain (IATF 2025), organisée à Alger du 4 au 10 septembre 2025, a marqué un tournant décisif dans les efforts de l’Afrique pour renforcer son intégration économique et affirmer sa place sur la scène mondiale.
Sous la houlette du président Abdelmadjid Tebboune, cet événement d’envergure a rassemblé des chefs d’État, des décideurs économiques et des acteurs majeurs du continent, dans une ambiance empreinte de solidarité et d’ambition collective.
À travers des messages politiques percutants et des projets structurants, l’Algérie a réaffirmé son rôle de moteur du développement africain, tout en plaçant la cause palestinienne au cœur des priorités continentales.
Un contexte mondial exigeant une Afrique unie
Dans son discours inaugural, le président Tebboune a dressé un constat lucide sur les défis auxquels l’Afrique est confrontée dans un monde en pleine mutation. Face à l’accélération des crises mondiales et à la menace d’un effondrement du système international, il a mis en garde contre le risque de marginalisation du continent. « Notre plus grande crainte est que l’Afrique, riche de ses potentialités, devienne à nouveau victime d’une situation mondiale détériorée, où sa voix serait muselée et son rôle réduit », a-t-il déclaré.
Pour contrer cette menace, Tebboune a appelé à une intégration économique renforcée, portée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Cette initiative, qui vise à stimuler le commerce intra-africain, est perçue comme un levier essentiel pour corriger les injustices historiques subies par le continent. Avec seulement 15 % des échanges commerciaux réalisés entre pays africains, contre 60 % en Europe, le potentiel de croissance reste immense.
Le président a insisté sur la nécessité de surmonter les obstacles structurels, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie et des communications, qui coûtent à l’Afrique 90 milliards de dollars par an, soit 2 % de son produit financier.
L’Algérie, fer de lance de l’intégration africaine
L’Algérie s’est positionnée comme un acteur central dans la dynamique de l’intégration africaine.
À travers des projets d’envergure tels que la route transsaharienne et le gazoduc algéro-nigérian, le pays ambitionne de renforcer les connexions économiques et énergétiques entre les nations africaines.
La route transsaharienne, qui reliera l’Algérie à plusieurs pays frères, vise à faciliter les échanges commerciaux et à désenclaver les régions sahéliennes.
Quant au gazoduc algéro-nigérian, il représente une opportunité majeure pour fournir de l’énergie à plusieurs pays, stimulant ainsi le développement économique et industriel.
Tebboune a également dévoilé un plan audacieux pour acheminer des marchandises vers les pays africains sans accès maritime en seulement 24 heures, grâce à des infrastructures de transport modernisées.
Ce projet s’inscrit dans une vision globale visant à faire de l’Algérie un hub logistique et économique pour le continent. En parallèle, le pays travaille à développer des lignes aériennes directes entre les capitales africaines, supprimant la nécessité de transiter par l’Europe, un frein majeur aux échanges intra-africains.
La jeunesse africaine, moteur du développement
Le président Tebboune a placé la jeunesse au cœur de sa vision pour l’Afrique. « 70 % de la population africaine est jeune, contrairement aux autres continents qui entrent dans une phase de vieillissement », a-t-il rappelé.
Cette démographie dynamique représente une opportunité unique pour bâtir un avenir prospère, à condition d’investir massivement dans l’éducation et la formation.
L’Algérie, forte de son expérience, a formé 65 000 étudiants africains depuis son indépendance, notamment dans des domaines de pointe comme la robotique, l’intelligence artificielle et les nanotechnologies.
Avec 101 centres universitaires, le pays continue de jouer un rôle clé dans le renforcement des capacités humaines à l’échelle continentale.
Tebboune a également évoqué l’effacement des dettes de 14 pays africains, d’une valeur dépassant un milliard de dollars, comme un geste de solidarité discret mais significatif.
« Notre avenir est en Afrique », a-t-il affirmé, soulignant l’engagement de l’Algérie à soutenir ses voisins sans chercher à en faire étalage.
La Palestine, une cause africaine
L’un des moments forts de l’inauguration a été la réaffirmation par le président Tebboune de l’engagement indéfectible de l’Algérie envers la cause palestinienne. Lors d’une session de discussion interactive qu’il a animée avec d’autres chefs d’État, il a dénoncé avec vigueur les exactions commises à Gaza, qualifiées de « massacre et génocide ».
Il a réitéré que l’Algérie n’acceptera aucune solution en dehors de l’établissement d’un État palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
« Toute autre option serait une perte de temps », a-t-il martelé, un message salué par les dirigeants présents, notamment le président tunisien Kais Saied, qui a loué la position constante de l’Algérie sur cette question.
Cette prise de position a résonné comme un appel à l’unité africaine autour des causes justes.
Les présidents présents ont exprimé un consensus sur la nécessité de soutenir la Palestine, renforçant ainsi la dimension politique de l’exposition, qui ne se limite pas à des enjeux économiques mais englobe également les questions de justice et de souveraineté.
Un événement fédérateur pour l’Afrique
L’Exposition du commerce intra-africain 2025 a réuni plus de 2 000 exposants de divers horizons, confirmant son statut de plateforme majeure pour le commerce et l’investissement en Afrique. Selon Olusegun Obasanjo, ancien président nigérian et président du conseil consultatif de l’exposition, les éditions précédentes ont généré des transactions dépassant 120 milliards de dollars.
La version algéroise ambitionne de surpasser ces résultats, portée par l’engagement du président Tebboune à faire de cette édition « la plus grande et la plus réussie ».
Benedict Oramah, président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), a salué le rôle pionnier de l’Algérie dans la promotion de l’intégration africaine, comparant son leadership économique actuel à son combat historique pour l’indépendance.
De son côté, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, représenté par sa vice-présidente Selma Malika Haddadi, a souligné que l’exposition représente une étape stratégique pour promouvoir l’innovation, l’industrialisation et la valeur ajoutée, afin de transformer l’Afrique en une puissance industrielle.
Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf, a appelé à accélérer la création d’un marché intérieur africain fort, capable de surmonter les incertitudes mondiales et les tendances protectionnistes.
Il a noté que le commerce intra-africain a atteint 220 milliards de dollars en 2024, avec une croissance de 12,5 %, marquée par une transition vers l’exportation de produits manufacturés comme les automobiles et l’électronique. Ce progrès reflète l’évolution de l’Afrique vers une économie industrielle intégrée.
Des projets concrets pour l’intégration
L’Algérie a présenté des initiatives concrètes pour soutenir le commerce intra-africain, notamment la création de cinq zones de libre-échange avec des pays du Maghreb arabe et de la région sahélo-saharienne.
Ces zones visent à fluidifier les échanges et à renforcer les partenariats économiques.
Par ailleurs, l’engagement de l’Algérie dans des projets comme la route transsaharienne et le gazoduc algéro-nigérian illustre sa volonté de jouer un rôle structurant dans le développement continental.
Les dirigeants présents ont unanimement salué l’organisation impeccable de l’événement par l’Algérie.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a mis en avant l’importance stratégique de la route transsaharienne et de la ZLECAf pour une renaissance économique africaine.
Le président mozambicain Daniel Chapo a exprimé sa gratitude pour l’accueil algérien et le soutien constant aux projets d’intégration, tandis que le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a appelé à accélérer les efforts d’intégration économique et d’investissement dans les infrastructures.
Une ambiance de solidarité et de célébration
L’inauguration a été marquée par une atmosphère festive, symbolisée par la présence de délégations africaines vêtues de costumes traditionnels aux couleurs éclatantes, apportant une touche de joie et de vitalité.
L’annonce de Lagos comme hôte de la cinquième édition en 2027 a suscité l’enthousiasme des participants nigérians, qui ont applaudi chaleureusement.
Des détails comme les chaises ornées de zellige algérien lors de la session des présidents ont envoyé un message fort sur la préservation du patrimoine culturel face aux tentatives d’appropriation.
De plus, des offres spéciales, telles que des cartes de paiement prépayées et des réductions sur les services de transport et de télécommunications, ont facilité la participation des visiteurs, renforçant l’attractivité de l’événement.
Tebboune, un leader au service de la jeunesse africaine
En quittant le Palais des congrès, le président Tebboune a conclu par une déclaration vibrante : « Tout ce que nous faisons est pour la jeunesse. 70 % des Africains sont jeunes, et c’est à eux de servir le continent. Vive l’Algérie ! »
Cette phrase, devenue emblématique, a résonné comme un cri de ralliement pour une Afrique unie et prospère.
L’Exposition du commerce intra-africain 2025 à Alger a ainsi marqué une étape majeure dans la quête de l’Afrique pour une intégration économique et une souveraineté renforcée.
Sous l’impulsion de l’Algérie et de son président, le continent avance avec détermination vers un avenir où il produira ses propres richesses et affirmera sa voix sur la scène mondiale.