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Edition du 7 Septembre 2025



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L’Algérie, moteur de l’industrie automobile africaine
Le Salon Intra-Africain 2025 dévoile un avenir ambitieux
7 Septembre 2025

Au cœur d’Alger, le Palais des Expositions de la Safex vibre d’une énergie nouvelle. La quatrième édition du Salon du Commerce Intra-Africain 2025, qui s’est tenue du 4 au 10 septembre, n’est pas un simple événement commercial : c’est une révolution industrielle en marche.

L’Algérie, avec une vision audacieuse, se positionne comme un acteur clé de l’automobile africaine, transformant les défis du continent en opportunités de croissance. J’ai arpenté les allées animées du pavillon "La Casbah", discuté avec des industriels passionnés et observé une nation en train de réécrire son avenir économique. Voici le récit d’un tournant historique où l’Afrique ne se contente plus d’importer des voitures : elle les produit, les innove et se prépare à les exporter.

Une ambition nationale portée par des leaders visionnaires

Lors de l’inauguration du Forum Automobile Africain, le Premier Ministre par intérim, Seifi Gharib, a livré un message fort, relayé par Kamel Rezig, ministre du Commerce Extérieur et de la Promotion des Exportations.
Ce salon, a-t-il déclaré, est une vitrine des capacités industrielles de l’Afrique, mais surtout une plateforme pour bâtir des ponts de coopération et convertir les défis en opportunités concrètes. L’Algérie, avec sa stratégie ambitieuse, vise à faire de l’industrie automobile un pilier de son économie.
Le pays ne part pas de zéro : il excelle déjà dans la production de véhicules utilitaires et lourds, avec un taux d’intégration locale atteignant 70 % pour certains modèles. Cette prouesse est le fruit de décennies de politiques industrielles et d’une volonté récente de développer une filière complète pour les véhicules légers, avec un objectif clair : intégrer au moins 30 % de composants locaux grâce à un réseau de sous-traitants nationaux et internationaux.
Accompagné de la ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, et du ministre tunisien de l’Industrie, Smir Obaid, Kamel Rezig a visité les stands, découvrant des projets prometteurs et des produits innovants.
Ces échanges ont souligné l’importance d’une collaboration régionale pour renforcer l’industrie automobile africaine, avec l’Algérie en fer de lance.

Les géants mondiaux s’enracinent
en Algérie
Le salon a été le théâtre de grandes annonces, notamment de la part de constructeurs emblématiques. Fiat, pionnier dans le pays, a dévoilé sa nouvelle Panda, assemblée localement dans l’usine de Tafraoui selon le mode CKD (assemblage complet des pièces). Raouf Baji, directeur de Fiat Algérie, m’a expliqué avec fierté que ce modèle dépasse déjà 20 % d’intégration locale, incluant des pièces essentielles comme les sièges.
"C’est un moment historique pour l’industrie automobile algérienne, porté par des mains algériennes", a-t-il insisté, saluant le soutien constant des autorités. Ce n’est pas juste une voiture : c’est un symbole de souveraineté industrielle.
Hyundai, de son côté, marque un retour retentissant. Tariq Massad, responsable régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique, m’a détaillé leur projet ambitieux : produire localement trois voitures de tourisme et deux utilitaires pour répondre à tous les besoins.
L’usine, dont le site (peut-être Ghélizan) reste à confirmer, sera prête dans un an. La main-d’œuvre sera 100 % algérienne, formée aux technologies coréennes de pointe. Hyundai prévoit 46 centres de vente et de service dans 36 wilayas, dépassant les exigences gouvernementales.
"Nous respectons toutes les réglementations et sommes prêts à nous adapter aux décisions des autorités", m’a assuré Massad, exprimant sa gratitude envers le président Tebboune et les ministères pour leur appui.
Avec un objectif d’intégration locale de 30 % minimum et une ambition d’aller plus loin, Hyundai mise sur la qualité mondiale pour conquérir le marché algérien.
Chery, en partenariat avec un actionnaire chinois détenant 35 % du capital, se prépare également à lancer son usine. Selim Merabet, représentant de la marque, m’a révélé leur objectif : produire 50 000 unités la première année, puis doubler ce chiffre.
Les ouvriers sont formés dans une académie dédiée, et des accords avec des sous-traitants locaux garantissent une chaîne de production intégrée.
L’intégration locale progresse, signe d’un engagement ferme pour l’industrie nationale.

Les acteurs
locaux, piliers
de l’écosystème automobile
Au-delà des géants mondiaux, les entreprises algériennes brillent par leur dynamisme. Petro Barka, par exemple, produit des huiles lubrifiantes à partir de pétrole algérien, employant plus de 2 000 personnes.
Son dirigeant m’a confié avec conviction : "Avant, nous importions ; aujourd’hui, nous produisons avec des standards élevés, sur instruction du président." Cette démarche réduit la facture des importations tout en créant des emplois. FabCom, spécialisée dans les batteries automobiles depuis 2014, négocie avec Fiat pour fournir des composants localement.
Ils collaborent déjà avec Eurorepar (France) et préparent un partenariat avec Volkswagen (Allemagne). Naftal expose ses huiles, Frexion Tac ses batteries, Anabib ses amortisseurs et freins en partenariat avec un opérateur chinois, et Ferrovial ses équipements ferroviaires. Mais le moment fort fut ma rencontre avec Kadri Meziani, directeur d’une usine de freins à Bordj Bou Arréridj. Opérationnelle depuis 20 mois, elle produit 6 millions d’unités par an et négocie avec Fiat pour des livraisons locales. "Nous sommes prêts à répondre aux besoins nationaux et internationaux", m’a-t-il assuré.
Ces entreprises ne se contentent pas de produire : elles bâtissent un écosystème de sous-traitance qui renforce l’indépendance économique.

Un forum pour dessiner l’avenir automobile africain
Le Forum Automobile Africain, tenu sur deux jours dans la salle Ali Maachi, a abordé des thèmes cruciaux : chaînes de valeur, réduction des importations et développement durable.
Une visite des usines, comme celle de l’ex-Sonacome, a permis aux dirigeants de grandes marques de découvrir les capacités algériennes. Martina Biene, présidente de l’Association Africaine des Constructeurs Automobiles, a insisté sur le dialogue entre producteurs et décideurs politiques.
"L’Afrique ne doit plus être un marché passif. Avec une demande annuelle de 3,5 à 5 millions de voitures, elle a le potentiel de créer des millions d’emplois", a-t-elle déclaré. Elle appelle à investir dans les infrastructures, l’énergie et la logistique, tout en fixant des normes claires pour garantir des partenariats durables.
Haytham El Maayergi, vice-président d’Afreximbank, a qualifié le salon de "moment clé" pour l’industrie automobile africaine. Depuis 2020, une stratégie vise à faire de l’Afrique un producteur et exportateur de voitures, reposant sur trois piliers : financement, politiques industrielles et coopération avec les gouvernements. Avec 70 % de son commerce intra-africain dédié à l’intégration économique, Afreximbank soutient cette transformation vers un continent qui produit et innove.

Une vision pour l’Afrique de demain
Ce Salon Intra-Africain 2025 n’est pas une fin, mais un commencement. L’Algérie, avec ses usines, ses ouvriers formés et ses partenariats stratégiques, montre la voie.
De la Panda de Fiat aux futurs modèles de Hyundai et Chery, en passant par les huiles de Petro Barka et les freins de Bordj Bou Arréridj, une industrie automobile africaine prend forme.
Ce n’est plus un rêve : c’est une réalité en construction, portée par une volonté politique forte et des acteurs économiques audacieux. L’Afrique, hier consommatrice, devient créatrice. Et l’Algérie, avec ce salon, prouve qu’elle est prête à accélérer.


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