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Edition du 18 Août 2025



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Tragédie à Oued El Harrach
Réveil national pour une réforme du transport
18 Août 2025

Le vendredi 15 août 2025, l’Algérie a été frappée par une tragédie sans précédent : la chute d’un bus de transport de voyageurs dans le lit de l’Oued El Harrach, à Alger, a causé la mort de 18 personnes et blessé 24 autres. Cet accident, survenu dans des circonstances dramatiques, a révélé les défis persistants en matière de sécurité routière et a suscité une mobilisation nationale exceptionnelle. Face à ce drame, le gouvernement, les institutions et la société civile se sont unis pour soutenir les familles endeuillées, tout en lançant des réformes ambitieuses pour moderniser le transport public et renforcer la prévention des accidents. Ce dossier explore les dimensions de cette catastrophe, les réponses institutionnelles, la solidarité nationale et internationale, ainsi que les perspectives pour bâtir une Algérie plus sûre et résiliente.

L’accident d’Oued El Harrach a profondément marqué l’Algérie. Le bus, transportant des voyageurs de différentes wilayas, a dévié de sa trajectoire sur un pont avant de s’écraser dans le lit asséché de la rivière, entraînant un bilan humain tragique. Parmi les victimes figurent des citoyens de divers horizons, dont des membres du secteur éducatif comme Abdehakim Bediaf, surveillant à l’école primaire Badra Messouda à Khaïs (Khenchela), et Louisa Rezigat, agente de saisie à l’école secondaire Ghamri Mohamed Fateh (Biskra), accompagnée de son fils Abdelkader Alloui et de sa mère Fatiha El Hachemi. Ce drame a touché des familles dans plusieurs régions, notamment Alger, Bouira, Boumerdès, Khenchela, Biskra et Oum El Bouaghi, illustrant l’ampleur de l’impact sur la société algérienne.
La gravité de l’accident a mis en lumière les failles du système de transport public, notamment l’état vétuste de nombreux véhicules en circulation. Les images de l’épave du bus, diffusées malgré les controverses, ont choqué l’opinion publique, renforçant l’urgence d’agir pour prévenir de tels drames.
Cette tragédie a également ravivé le débat sur la sécurité routière, un défi majeur dans un pays où les accidents de la route causent chaque année des milliers de victimes. Les circonstances de l’accident, impliquant un bus ancien et une possible défaillance technique ou humaine, ont poussé les autorités à agir rapidement pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent.

Une mobilisation interministérielle immédiate
Dès l’annonce de l’accident, les autorités algériennes ont réagi avec une rapidité et une coordination remarquables. Le samedi 16 août, les ministres des Transports, Saïd Saïoud, et du Travail, Fayçal Bentaleb, ont assisté à la cérémonie funéraire des victimes au cimetière d’El Alia, en présence des autorités locales, sécuritaires et militaires. Cette cérémonie, empreinte de solennité, a permis aux officiels d’exprimer leur compassion et de prier pour le repos des âmes des défunts.
Les deux ministres ont présenté leurs condoléances aux familles, demandant à Dieu d’accorder sa miséricorde aux victimes et de donner patience et réconfort à leurs proches.
Le lendemain, le ministre de l’Intérieur, Ibrahim Merad, accompagné du wali d’Alger, Abdelnour Rabhi, a visité les familles des victimes dans les communes d’El Mohammadia et Bab Ezzouar. Il a transmis les condoléances du président Abdelmadjid Tebboune, qui a annoncé une aide financière de 100 millions de centimes pour chaque famille endeuillée. Cette mesure, bien que symbolique, vise à alléger le fardeau financier des familles touchées par la perte de leurs proches.
Le ministre a également réaffirmé l’engagement du président à suivre de près l’évolution de la situation, soulignant l’importance de soutenir les citoyens dans cette épreuve.
Le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, s’est rendu à l’hôpital Zemirli pour visiter les 24 blessés, dont 13 restaient sous surveillance médicale, incluant 7 intervenants ayant participé aux opérations de secours. Il a assuré que le personnel médical resterait mobilisé jusqu’à la sortie de tous les patients, démontrant l’engagement du secteur de la santé à prendre en charge les victimes.
Cette réponse coordonnée des ministères illustre la volonté de l’État de placer la solidarité et la sécurité au cœur de ses priorités. La présence de hauts responsables, tels que le Premier ministre Nadir Larbaoui et le directeur de cabinet de la présidence, Boualem Boualem, lors des funérailles, a renforcé le message d’unité et de compassion.

Une solidarité nationale
et internationale
La tragédie d’Oued El Harrach a suscité une vague de solidarité à travers l’Algérie et au-delà. Le ministère de la Solidarité nationale, dirigé par Souria Mouloudji, a mobilisé des équipes de psychologues, d’assistants sociaux et de médecins des cellules de proximité pour accompagner les familles dans les hôpitaux Mustapha Bacha et El Harrach, ainsi qu’à leurs domiciles dans plusieurs wilayas, dont Alger, Bouira, Boumerdès, Khenchela, Biskra et Oum El Bouaghi.
Ces équipes ont fourni un soutien psychologique pour atténuer le choc traumatique, ainsi que des aides matérielles, telles que des produits de première nécessité. Les cadres du ministère ont également participé aux funérailles, renforçant le sentiment d’unité nationale face au malheur. Sur le plan institutionnel, le Conseil supérieur islamique, présidé par Mabrouk Zaid El Kheir, a adressé une lettre de condoléances aux familles des victimes, exprimant sa profonde tristesse et priant pour le repos des âmes des défunts. Le ministre de l’Éducation, Mohamed Saghir Saâdaoui, a rendu hommage aux deux membres du secteur éducatif décédés, réaffirmant le soutien de son ministère aux familles endeuillées.
Ces gestes, bien que symboliques, témoignent de l’engagement des institutions à partager la douleur des citoyens et à renforcer la cohésion sociale.
À l’international, le président tunisien, Kaïs Saïed, a appelé le président Tebboune pour présenter ses condoléances au nom du peuple tunisien. Il a exprimé sa solidarité et celle de son pays, soulignant la fraternité unissant les deux nations. Le président Tebboune a remercié son homologue pour ce geste, mettant en avant l’importance des liens entre l’Algérie et la Tunisie dans les moments de joie comme de peine. Cette solidarité internationale renforce le sentiment d’unité régionale face aux épreuves, rappelant que les défis partagés peuvent renforcer les relations entre pays voisins. L’accident d’Oued El Harrach a mis en évidence les lacunes du système de transport public, en particulier l’état vétuste de nombreux bus en circulation. En réponse, le ministère des Transports, sur instruction du président Tebboune, a annoncé une mesure radicale : le retrait de tous les bus de transport de voyageurs âgés de plus de 30 ans dans un délai de six mois.

Réformer le transport public pour prévenir les drames
Cette décision vise à moderniser le parc national, qui compte encore des véhicules obsolètes, souvent mal entretenus, représentant un danger pour les usagers. Pour faciliter cette transition, le gouvernement a promis des mesures d’accompagnement, telles que des subventions ou des prêts pour l’achat de nouveaux bus, afin d’assurer une mise en œuvre fluide et rapide.
Cette réforme s’inscrit dans une vision plus large de modernisation du transport public algérien. L’objectif est de fournir un service sûr, moderne et de haute qualité, répondant aux besoins des citoyens tout en réduisant les risques d’accidents.
Le ministère des Transports a également annoncé que les enquêtes sur les accidents graves incluront désormais les auto-écoles, afin de renforcer leurs programmes pédagogiques et de garantir le respect des normes de sécurité. Cette mesure vise à s’attaquer aux causes humaines des accidents, comme les erreurs de conduite, qui sont souvent à l’origine des drames routiers. En ciblant la formation des conducteurs, le gouvernement cherche à instaurer une culture de responsabilité et de vigilance sur les routes.

Une couverture médiatique controversée
La tragédie a également révélé des manquements graves dans la couverture médiatique. L’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel a suspendu quatre chaînes de télévision – El Bilad, El Watania, El Hayat et Echourouk – pour 48 heures à partir du 16 août 2025, en raison de violations de l’éthique journalistique. Ces chaînes ont diffusé des images choquantes de l’accident sans avertissement préalable, interrogé des blessés dans les services d’urgence et harcelé les familles des victimes en état de choc, dans une quête d’audience sur les réseaux sociaux.
Cette décision, exécutée par l’Entreprise publique de diffusion radiophonique et télévisuelle (TDA), vise à protéger la dignité des citoyens et à promouvoir un journalisme responsable.
Cette sanction soulève des questions cruciales sur le rôle des médias dans la couverture des catastrophes. Si l’information du public est essentielle, elle ne doit pas se faire au détriment de la vie privée ou de la sensibilité des personnes touchées. La suspension des chaînes concernées envoie un message clair : les médias doivent respecter des normes éthiques strictes, même dans des situations de crise. Cette mesure pourrait également inciter les médias à revoir leurs pratiques, en mettant l’accent sur une couverture respectueuse et informative, plutôt que sensationnaliste.
L’accident d’Oued El Harrach a agi comme un catalyseur pour accélérer les réformes dans le secteur des transports.

Renforcer la culture
de prévention
Le retrait des bus vétustes et l’amélioration de la formation des conducteurs sont des étapes cruciales, mais elles doivent s’accompagner d’une sensibilisation accrue des citoyens aux règles de sécurité routière. Les campagnes de prévention, menées par les autorités et les associations, pourraient jouer un rôle clé dans la réduction des comportements à risque, comme la surcharge des véhicules, la conduite imprudente ou le non-respect des limitations de vitesse.
Sur le plan infrastructurel, l’état des routes et des ponts doit être examiné de près. L’accident d’Oued El Harrach a soulevé des questions sur la sécurité des infrastructures routières, notamment les ponts, qui doivent être régulièrement inspectés et entretenus. Des investissements dans la modernisation des routes, l’installation de barrières de sécurité et l’amélioration de la signalisation pourraient prévenir des accidents similaires à l’avenir. Par ailleurs, l’intégration de technologies avancées, comme des capteurs de détection de déviation ou des systèmes de freinage automatique, pourrait renforcer la sécurité des bus.

Soutenir les familles
et la communauté
La réponse sociale à la tragédie a été exemplaire. Les équipes du ministère de la Solidarité nationale ont travaillé sans relâche pour accompagner les familles, offrant un soutien psychologique et matériel. Ces efforts, qui se prolongeront pour traiter les effets post-traumatiques, montrent l’importance de construire un système de soutien durable pour les victimes d’accidents. À long terme, le développement de programmes spécialisés pour les familles endeuillées, notamment les mères, les conjoints et les enfants, pourrait renforcer la résilience des communautés face aux catastrophes. L’aide financière de 100 millions de centimes par famille, annoncée par le président Tebboune, est une mesure concrète pour soutenir les proches des victimes. Bien que cette somme ne puisse compenser la perte humaine, elle reflète l’engagement de l’État à ne pas laisser les familles dans la détresse. Des mécanismes transparents pour la distribution de cette aide, ainsi qu’un suivi à long terme, seront essentiels pour garantir son efficacité et répondre aux besoins des familles.

Une vision pour l’avenir
Pour éviter que de tels drames ne se reproduisent, l’Algérie doit poursuivre sa transformation du secteur des transports. Cela inclut l’introduction de technologies avancées, comme des systèmes de freinage automatique ou des alertes embarquées dans les bus, pour prévenir les déviations dangereuses. La digitalisation du suivi des véhicules, grâce à des systèmes GPS et des capteurs, pourrait également améliorer la sécurité et la traçabilité des bus en circulation. Ces innovations, combinées à des inspections régulières des véhicules, permettraient de détecter les défaillances techniques avant qu’elles ne causent des accidents. Sur le plan éducatif, le renforcement des programmes des auto-écoles doit s’accompagner d’une formation continue pour les conducteurs professionnels. Ces derniers, souvent confrontés à des conditions de travail difficiles, doivent bénéficier de meilleures conditions pour garantir leur vigilance et leur performance. Des mesures comme des horaires de travail réglementés, des pauses obligatoires et des formations régulières pourraient réduire les risques d’erreurs humaines. Enfin, le développement de transports alternatifs, comme le métro, les tramways ou les trains régionaux, pourrait réduire la dépendance aux bus pour les longs trajets, en particulier dans les zones urbaines densément peuplées comme Alger. Ces infrastructures, bien que coûteuses, représentent un investissement dans la sécurité et le confort des citoyens, tout en réduisant la pression sur le réseau routier.

Un appel à la solidarité
et à l’action
La tragédie d’Oued El Harrach a montré la force de la solidarité algérienne. Des ministres aux citoyens ordinaires, en passant par les institutions religieuses et éducatives, le pays s’est uni pour soutenir les victimes et leurs familles. Cette mobilisation doit maintenant se traduire par une action concertée pour transformer le système de transport et prévenir de nouvelles catastrophes. Les entreprises du secteur des transports doivent investir dans des véhicules modernes et respecter les normes de sécurité, tandis que les citoyens peuvent contribuer en adoptant des comportements responsables sur les routes.
À l’échelle internationale, les partenariats avec des pays comme la Tunisie peuvent renforcer les échanges de bonnes pratiques en matière de sécurité routière. Des collaborations avec des experts internationaux pourraient également aider l’Algérie à développer des technologies et des politiques adaptées à ses besoins. En soutenant l’Algérie dans cette épreuve, les partenaires internationaux peuvent contribuer à la construction d’un système de transport plus sûr et plus efficace.

Un tournant pour l’Algérie
L’accident d’Oued El Harrach, bien que tragique, offre une opportunité de repenser la sécurité routière en Algérie. Les réformes annoncées, combinées à la solidarité nationale et internationale, posent les bases d’un avenir où les citoyens pourront voyager en toute sécurité. En modernisant le parc de transport, en renforçant la formation des conducteurs, en améliorant les infrastructures et en investissant dans la prévention, l’Algérie peut transformer cette tragédie en un catalyseur pour le changement. Soutenons l’Algérie dans cette mission, pour que la mémoire des victimes devienne un moteur de progrès et de résilience, et pour bâtir un avenir où chaque citoyen peut se déplacer sans crainte.

Par : Hamrouche Mounir

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