L’Algérie intensifie ses efforts financiers et organisationnels pour mener à bien son ambitieux projet de 3 000 mégawatts (MW) d’énergie renouvelable, piloté par la Société nationale de l’électricité et du gaz (Sonelgaz).
Ce programme, lancé en mars 2024, vise à diversifier les sources énergétiques du pays et à renforcer son autonomie énergétique grâce à l’énergie solaire.
Selon un rapport publié par la plateforme Énergie, les importations algériennes de panneaux solaires ont atteint 0,85 gigawatt (GW), soit 850 MW, au cours du premier semestre 2025, marquant une avancée significative dans la mise en œuvre de ce projet stratégique.
Une montée
en puissance
des importations solaires
D’après le même rapport, l’Algérie s’est hissée au quatrième rang des importateurs arabes de panneaux solaires en 2025, derrière l’Arabie saoudite (4,45 GW), les Émirats arabes unis (3,18 GW) et l’Irak (0,95 GW). Depuis le lancement du projet en mars 2024, les importations totales de panneaux solaires ont atteint 1,65 GW, reflétant l’engagement du pays à renforcer sa sécurité énergétique tout en s’orientant vers des sources propres.
En 2024, le marché algérien des panneaux solaires a connu une hausse notable, avec 0,8 GW importés, contre une augmentation spectaculaire à 0,34 GW au dernier trimestre 2024, portée par le démarrage de quatre nouveaux projets solaires.
Les données de la plateforme Énergie montrent que décembre 2024 a enregistré le pic des importations avec 0,2 GW, suivi de novembre (0,1 GW), octobre (0,04 GW), août et février (0,1 GW chacun).
Cette dynamique d’importation, principalement de panneaux solaires chinois, traduit une volonté claire de répondre aux besoins croissants du projet de 3 000 MW, qui s’inscrit dans une stratégie nationale visant à produire 15 000 MW d’énergie renouvelable d’ici 2035.
Un projet structuré
en deux phases
Le projet de 3 000 MW, supervisé par Sonelgaz, est divisé en deux phases majeures.
La première phase, lancée via une appel d’offres international en février 2024, prévoit la construction de 15 centrales solaires photovoltaïques dans 12 wilayas (Béchar, M’sila, Bordj Bou Arréridj, Batna, Laghouat, Ghardaïa, Tiaret, El Oued, Touggourt, El M’Ghair, Biskra et Ouled Djellal), avec une capacité totale de 2 000 MW.
Chaque centrale aura une puissance variant entre 80 et 220 MW, visant à maximiser l’utilisation des ressources solaires dans des régions à fort ensoleillement.
La deuxième phase, baptisée « Solar 1000 », consiste en une autre appel d’offres lancée en juillet 2024 pour la construction de cinq centrales supplémentaires dans cinq wilayas (Laghouat, Ouargla, Touggourt, El Oued et Béchar), pour une capacité totale de 1 000 MW.
Ces centrales auront des puissances comprises entre 50 et 300 MW, permettant une couverture géographique et énergétique diversifiée.
Ces deux phases ont attiré un vif intérêt international, avec 140 entreprises (dont 34 algériennes) pour la première appel d’offres et 139 (dont 36 algériennes) pour la seconde, démontrant l’attractivité du projet.
Des avancées
concrètes et des défis à relever
Depuis mars 2024, Sonelgaz a posé les bases de ce projet avec la signature de contrats pour la construction de plusieurs centrales. Par exemple, en avril 2024, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a supervisé la pose de la première pierre de quatre centrales solaires totalisant 650 MW, situées à Biskra (220 MW), Ouled Djellal (80 MW), Touggourt (150 MW) et El M’Ghair (200 MW).
Ces projets, d’une durée de réalisation de 10 à 16 mois, devraient renforcer le réseau électrique national tout en créant des opportunités d’emploi, avec 500 à 600 postes par centrale pendant la phase de construction et une dizaine d’emplois permanents par la suite.
Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de logistique et d’intégration industrielle.
L’Algérie, bien qu’importatrice majeure de panneaux solaires, cherche à développer une industrie locale pour réduire sa dépendance aux importations.
Les contrats signés incluent des clauses visant à encourager le transfert de technologie et la participation d’entreprises nationales, ce qui pourrait stimuler le secteur industriel algérien à long terme.
Ce projet s’inscrit dans une vision stratégique plus large visant à diversifier le mix énergétique algérien, encore largement dépendant des hydrocarbures.
Vers une transition énergétique durable
En misant sur l’énergie solaire, l’Algérie exploite son potentiel exceptionnel en ensoleillement pour répondre à la demande croissante en électricité tout en réduisant son empreinte carbone.
Le ministre Mohamed Arkab a souligné que ce programme marque « un tournant décisif » vers une énergie durable, en phase avec les objectifs de développement durable et les engagements climatiques internationaux.
Avec une capacité de 3 000 MW, ce projet représente une étape clé vers l’objectif de 15 000 MW d’ici 2035, renforçant l’autonomie énergétique du pays et sa résilience face aux fluctuations des marchés mondiaux des hydrocarbures. Alors que l’Algérie progresse dans la mise en œuvre de ce programme, son positionnement comme acteur régional dans les énergies renouvelables se consolide, ouvrant la voie à un avenir énergétique plus vert et durable.