En 2025, l’Algérie marque un tournant économique décisif en intégrant la catégorie prestigieuse des pays à revenu élevé, selon le dernier classement du Groupe de la Banque mondiale. Cette progression, qui voit l’Algérie passer de la catégorie des pays à « revenu moyen » à celle des pays à « revenu élevé », est le fruit d’une révision statistique nationale approfondie des comptes du produit intérieur brut (PIB). Cette révision, alignée sur les standards internationaux, reflète les efforts soutenus du pays pour moderniser ses outils de mesure économique et optimiser l’exploitation de ses ressources.
L’Algérie se hisse ainsi parmi les 10 pays africains classés dans cette catégorie, rejoignant des nations comme les Seychelles, le Gabon, la Libye et l’Afrique du Sud. Ce classement positionne l’Algérie comme une puissance économique émergente sur le continent, capable de rivaliser avec des économies diversifiées ou riche en ressources naturelles. Cette reconnaissance internationale souligne non seulement les avancées économiques du pays, mais aussi son engagement à se conformer aux normes globales, renforçant ainsi sa crédibilité sur la scène mondiale.
Une révision méthodologique à l’origine du succès
Le passage de l’Algérie à la catégorie des pays à revenu élevé repose sur une révision complète des comptes nationaux, comme l’a précisé la Banque mondiale. Cette mise à jour méthodologique a permis de mieux capturer la réalité économique du pays à travers plusieurs ajustements clés :
• Intégration de la recherche et du développement (R&D) : Les dépenses en recherche et développement sont désormais considérées comme des investissements dans les comptes nationaux. Cette inclusion valorise les efforts de l’Algérie pour promouvoir l’innovation et le développement technologique, des secteurs cruciaux pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et diversifier l’économie.
• Amélioration de la mesure de la production publique : La révision a affiné l’évaluation de la contribution de l’administration publique au PIB, offrant une vision plus précise de son impact économique. Cette amélioration permet de mieux refléter la valeur ajoutée des services publics, souvent sous-estimée dans les anciens systèmes de calcul.
• Adoption des normes internationales : En alignant ses pratiques statistiques sur les standards internationaux, l’Algérie a renforcé la comparabilité de ses données économiques avec celles des autres pays. Cette conformité améliore la transparence et la fiabilité des indicateurs économiques, un atout majeur pour attirer les investisseurs étrangers.
Ces ajustements témoignent d’un effort concerté pour moderniser les outils de mesure économique et refléter plus précisément la dynamique de croissance de l’Algérie. Ils permettent également de mettre en lumière des secteurs jusque-là sous-évalués, comme l’innovation et les services publics, qui jouent un rôle croissant dans l’économie nationale.
Le rôle clé du revenu national brut par habitant
Le classement de la Banque mondiale repose sur le revenu national brut (RNB) par habitant, calculé en dollars américains selon la méthode Atlas. Pour 2025, le seuil pour intégrer la catégorie des pays à revenu élevé est fixé à un RNB par habitant supérieur à 14 005 dollars. Bien que les chiffres exacts pour l’Algérie n’aient pas été précisés dans le communiqué, le fait d’atteindre ce seuil indique une amélioration significative par rapport aux années précédentes, où le pays oscillait dans la catégorie des revenus moyens supérieurs.
Cette progression peut être attribuée à plusieurs facteurs :
• Stabilité des revenus issus des hydrocarbures : L’Algérie, l’un des principaux exportateurs de gaz naturel et de pétrole en Afrique, a bénéficié de la hausse des prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux en 2024 et début 2025. Ces revenus ont permis de financer des investissements publics massifs, notamment dans les infrastructures et les services sociaux, contribuant ainsi à la croissance du PIB.
• Efforts de diversification économique : Bien que les hydrocarbures restent un pilier de l’économie, l’Algérie a intensifié ses efforts pour développer d’autres secteurs, tels que l’agriculture, l’industrie et les technologies. Par exemple, l’initiative récente de l’Office National des Terres Agricoles (ONTA), qui a ouvert 50 234 hectares de terres agricoles à l’investissement, illustre cette volonté de diversifier les sources de croissance.
• Réformes économiques et institutionnelles : Les réformes entreprises ces dernières années, notamment dans la gestion des finances publiques, l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la bureaucratie, ont renforcé la résilience économique du pays. Ces mesures ont permis de stimuler l’investissement privé et de soutenir la création d’emplois, deux éléments essentiels pour augmenter le RNB par habitant.
L’Algérie dans le top 10 africain
En rejoignant le cercle restreint des 10 pays africains à revenu élevé, l’Algérie se positionne comme un leader économique sur le continent. Ce groupe, qui inclut des économies diversifiées comme l’Afrique du Sud et des pays riches en ressources comme le Gabon et la Libye, reflète la diversité des modèles économiques en Afrique. Pour l’Algérie, ce classement est une reconnaissance de sa capacité à tirer parti de ses ressources naturelles tout en modernisant ses outils de mesure économique et en diversifiant ses sources de revenus.
Cependant, ce nouveau statut impose des responsabilités accrues. Maintenir une place dans la catégorie des pays à revenu élevé nécessitera une gestion prudente des ressources, une accélération des réformes économiques et une attention particulière portée à la réduction des inégalités. En effet, le RNB par habitant, bien qu’indicateur clé, ne reflète pas nécessairement la répartition des richesses au sein de la population, et des disparités régionales ou sociales persistent.
Défis et opportunités pour l’avenir
L’accession de l’Algérie à la catégorie des pays à revenu élevé ouvre la voie à de nouvelles opportunités, mais elle s’accompagne également de défis importants. Pour consolider cette position et transformer cette avancée en prospérité durable, plusieurs priorités se dégagent :
• Accélérer la diversification économique : La dépendance aux hydrocarbures, bien que source de revenus importants, expose l’économie algérienne aux fluctuations des prix mondiaux. Investir dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les technologies numériques, l’agro-industrie et le tourisme est crucial pour garantir une croissance durable et résiliente.
• Renforcer l’inclusion sociale : La hausse du RNB par habitant doit s’accompagner de politiques visant à réduire les inégalités, notamment en améliorant l’accès à l’emploi, à l’éducation et aux services de santé. Des programmes ciblés pour les régions moins développées et les populations vulnérables seront essentiels pour assurer une croissance inclusive.
• Poursuivre la modernisation institutionnelle : La conformité aux normes internationales en matière de statistiques et de gouvernance économique doit être maintenue. Cela inclut le renforcement de la transparence, la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’efficacité des institutions publiques.
• Attirer les investissements étrangers : Le nouveau statut de pays à revenu élevé peut renforcer l’attractivité de l’Algérie pour les investisseurs internationaux. Simplifier les procédures administratives, améliorer le climat des affaires et promouvoir des partenariats public-privé seront des leviers pour stimuler l’investissement.
• Investir dans le capital humain : Le développement de la recherche et de l’innovation, comme illustré par l’inclusion de la R&D dans les comptes nationaux, doit être accompagné d’investissements massifs dans l’éducation et la formation. Former une main-d’œuvre qualifiée est essentiel pour soutenir la transition vers une économie diversifiée et compétitive.
Une reconnaissance internationale et un appel à l’action
L’accession de l’Algérie à la catégorie des pays à revenu élevé en 2025 est une réussite majeure, qui reflète les progrès réalisés dans la gestion économique et la modernisation des outils statistiques. Ce classement, loin d’être une fin en soi, constitue un point de départ pour de nouvelles ambitions. Il met en lumière la capacité de l’Algérie à se réinventer économiquement, tout en soulignant l’importance de poursuivre les réformes pour transformer cette avancée en prospérité partagée.
En consolidant ses acquis et en relevant les défis à venir, l’Algérie a l’opportunité de devenir un modèle de développement durable pour l’Afrique. Cette reconnaissance par la Banque mondiale renforce son image de puissance économique régionale, mais elle impose également une responsabilité accrue pour répondre aux attentes de sa population et maintenir sa trajectoire ascendante. Avec une vision stratégique et une gouvernance efficace, l’Algérie peut transformer ce succès en une dynamique de croissance inclusive et durable pour les années à venir.