lors de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4), organisée à Séville le 1er juillet 2025, le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, a livré une allocution percutante, prononcée en son nom par le Premier ministre Nadir Larbaoui.
S ’ adressant aux leaders mondi- aux, dont le président du gou- vernement espagnol Pedro S a n c h e z e t l e s e c r é t a i r e g é n é r a l de l’ONU Antonio Guterres, le président Tebboune a plaidé pour une refonte pro- fonde du système financier internation- al. Son discours met en lumière les injustices subies par les pays en développement, en particulier en Afrique, et réaffirme le soutien de l’Algérie à la cause palestinienne face à
la crise humanitaire à Gaza.
Un contexte mondial marqué par des crises multiples Le président Tebboune a ouvert son dis- cours en dressant un constat alarmant de la situation internationale. Le fossé entre les Nations développées et en développement ne cesse de se creuser, exacerbé par un endettement croissant, les impacts dévastateurs du changement climatique et l’escalade des conflits mondiaux. Il a particulièrement dénoncé la situation au Moyen-Orient, qualifiant les événements en Palestine occupée et à Gaza de « génocide » contre un peuple luttant pour ses droits légitimes et la création d’un État indépendant avec El- Qods comme capitale. Ce contexte, selon lui, compromet gravement les efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies pour 2030, en partic- ulier pour les pays les plus vulnérables.
Une architecture financière mondiale obsolète Le cœur du discours du président repose sur une critique du système financier international actuel, jugé inadapté aux mutations globales. Ce système, a-t-il souligné, perpétue des dysfonction- nements structurels qui marginalisent les pays en développement et limitent leurs capacités à financer des projets de développement durable. Pour y remédi- er, M. Tebboune a appelé à des réformes audacieuses et opérationnelles, qui per- mettraient une gouvernance plus inclu- sive des institutions financières mondi- ales. Il a insisté sur l’importance d’inté- grer les pays en développement dans les structures décisionnelles pour refléter les réalités d’un monde multipolaire. À cet effet, il a soutenu la création d’un cadre onusien dédié à la résolution des problèmes de soutenabilité de la dette,afin de proposer des solutions équitables et pratiques.
Les défis spécifiques de l’Afrique : dette et injus- tice financière Un point central du discours concerne les obstacles rencontrés par le continent africain, où la rareté des financements et le poids écrasant de la dette entravent le
développement. Le président a souligné que les coûts du service de la dette, souvent cinq fois supérieurs aux fonds obtenus des ban- ques multilatérales, drainent les ressources des États africains, limitant leurs investissements dans l’éducation, la santé ou les infrastructures. Cette sit- uation, aggravée par des notations financières biaisées, plonge les pays africains dans une spirale de coûts crois- sants et de faible transformation struc- turelle. Pour contrer ces injustices, M. Tebboune a appelé à des initiatives mondiales d’urgence, incluant l’allège- ment ou l’annulation totale de la dette
pour les pays les plus touchés. Il a également salué l’initiative de créer une agence de notation financière africaine indépendante, qu’il souhaite voir opéra- tionnelle rapidement pour offrir des évaluations plus transparentes et justes.
Un appel à la justice et à la solidarité mondiale Le président Tebboune a insisté sur la nécessité d’ancrer les principes de jus- tice et d’équité dans le système multi- latéral, au service de tous les États membres de l’ONU, sans exclusion. Il a plaidé pour une solidarité internationale renforcée, capable de répondre aux aspi- rations des nations en développement. En dénonçant les biais dans les nota- tions financières, il a mis en lumière leur impact économique dévastateur sur l’Afrique, où des coûts d’emprunt pro- hibitifs limitent les opportunités de
croissance. Ce discours reflète une vision ambitieuse pour un ordre financier mon- dial plus équilibré, où les voix des pays
SÉVILLE 2025en développement seraient entendues et leurs besoins prioritaires pris en compte. L’allocution du président Tebboune à la FFD4 constitue un appel pressant à repenser le financement du développe- ment dans un monde confronté à des crises multiples. En mettant l’accent sur les défis africains, la nécessité d’une gouvernance financière inclusive et le soutien à la cause palestinienne, l’Algérie se positionne comme un acteur clé dans la défense des pays en développement.
Ce discours pourrait marquer un tour- nant si les propositions audacieuses de refonte du système financier, d’allège- ment de la dette et de création d’une agence de notation africaine trouvent un écho parmi les leaders mondiaux présents à Séville. L’avenir du développement durable dépendra de la capacité de la communauté interna- tionale à traduire ces appels en actions concrètes.