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L’Algérie vers l’autosuffisance alimentaire : un cap stratégique pour 2026
Une ambition affirmée pour le blé dur
16 Juin 2025

L’Algérie s’engage résolument sur la voie de l’autosuffisance alimentaire, un objectif stratégique porté par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune

Lors du lancement officiel de la campagne de moissonbattage 2024-2025 dans la wilaya de Chlef, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, a annoncé une nouvelle majeure : la production nationale de blé dur prévue pour cette saison permettra au pays de couvrir intégralement ses besoins en cette matière première essentielle, éliminant ainsi toute dépendance aux importations pour l’année 2026.

Cette déclaration marque un tournant dans la politique agricole algérienne, qui vise à renforcer la souveraineté alimentaire dans un contexte mondial marqué par des incertitudes économiques et des fluctuations des marchés internationaux. Le ministre a qualifié la campagne agricole

actuelle de « prometteuse », mettant en avant une progression constante de la production céréalière d’année en année. Cette dynamique positive s’explique par une combinaison de facteurs : des investissements accrus dans le secteur agricole, une meilleure organisation des campagnes de production et une mobilisation accrue des agriculteurs, soutenus par des politiques publiques favorisant l’innovation et l’accès aux ressources nécessaires. Cette annonce intervient dans un contexte où l’Algérie cherche à réduire sa facture d’importation, qui a longtemps pesé sur son économie, tout en renforçant sa résilience face aux crises alimentaires mondiales.

Des avancées significatives dans la production d’orge

Outre le blé dur, l’orge connaît également une progression notable. Selon le ministre, les résultats de la campagne 2024-2025 surpasseront ceux de l’année précédente, permettant de couvrir une période significative de l’année 2026 grâce à la production locale. Cette avancée est cruciale, car l’orge constitue une denrée stratégique, notamment pour l’alimentation du bétail, un secteur clé pour garantir la sécurité alimentaire et soutenir l’élevage national. Les efforts pour augmenter les rendements agricoles, combinés à l’amélioration des techniques culturales et à l’extension des superficies cultivées, portent leurs fruits et témoignent de l’engagement du gouvernement à diversifier les cultures céréalières.

Les wilayas du Sud : un modèle de performance agricole

Les wilayas du sud de l’Algérie se distinguent particulièrement dans cette dynamique de progrès. Le ministre a salué les résultats « excellents » enregistrés dans ces régions, où le rendement moyen des céréales dépasse 55 quintaux par hectare, avec des pics atteignant plus de 80 quintaux par hectare. Ces chiffres impressionnants reflètent le potentiel agricole des zones arides, longtemps sous-exploitées, mais qui bénéficient aujourd’hui de techniques modernes d’irrigation et de gestion des sols. Ces performances renforcent la position de l’Algérie comme un acteur émergent dans la production céréalière à l’échelle régionale, tout en consolidant les bases de la sécurité alimentaire nationale.

La culture du colza : un levier pour la production d’huile de table

L’autre axe stratégique mis en avant par le ministre concerne la culture du colza, qui couvre actuellement 21.000 hectares à l’échelle nationale. Cette culture industrielle joue un rôle clé dans la production d’huile de table, un produit de première nécessité. Grâce à l’existence d’unités de transformation nationales, l’Algérie ambitionne de réduire sa dépendance aux importations d’huiles végétales, un enjeu économique majeur. Le développement de cette filière s’inscrit dans une vision plus large de diversification des productions agricoles, visant à répondre aux besoins domestiques tout en valorisant les ressources locales.

Le soja : une nouvelle frontière pour l’agriculture algérienne

Dans le cadre de cette diversification, le ministre a annoncé le lancement d’une expérience pilote de culture de soja sur 100 hectares. Cette initiative, bien que modeste dans son échelle initiale, vise à poser les bases d’une production nationale de soja, un produit polyvalent utilisé à la fois dans la fabrication d’huiles végétales et d’aliments pour le bétail. Cette démarche s’inscrit dans une logique de long terme, visant à réduire la dépendance aux importations de ces produits et à renforcer l’autonomie alimentaire du pays. En cas de succès, cette expérience pourrait être étendue à d’autres régions, contribuant ainsi à diversifier davantage le panier agricole national.

Une réforme du foncier agricole pour optimiser les ressources

L’un des obstacles majeurs à l’expansion agricole en Algérie réside dans la gestion du foncier. À cet égard, le ministre a annoncé une opération d’assainissement d’envergure, menée en collaboration avec les ministères des Finances et de l’Intérieur. Cette initiative vise à résoudre plus de 90 problématiques liées au foncier agricole, notamment les litiges fonciers, les terres inexploitées et les obstacles administratifs. En libérant ces terres pour un usage productif, le Gouvernement espère encourager les investissements agricoles et optimiser l’utilisation des ressources foncières disponibles. Cette réforme est perçue comme une étape décisive pour dynamiser le secteur et attirer de nouveaux acteurs, qu’il s’agisse de petits agriculteurs ou de grandes entreprises agro-industrielles.

L’agriculteur au coeur de la stratégie

Le ministre a tenu à réaffirmer que l’agriculteur est l’acteur central de cette transformation agricole. L’administration, a-t-il souligné, joue un rôle d’accompagnement, en fournissant un soutien technique, des formations et des ressources pour garantir le succès des projets agricoles. Cet accent mis sur l’agriculteur reflète une volonté de construire un modèle agricole inclusif, où les exploitants, qu’ils soient petits ou grands, bénéficient d’un encadrement adapté à leurs besoins. Des programmes de formation, des subventions pour l’achat de matériel agricole et des conseils techniques sont autant de leviers mobilisés pour renforcer la productivité et la résilience des agriculteurs face aux défis climatiques et économiques.

Une visite de terrain pour évaluer les progrès

Lors de sa visite dans la wilaya de Chlef, le ministre a inspecté plusieurs exploitations agri coles ainsi qu’une unité de réfrigération appartenant à l’entreprise Frigomedit. Ces visites ont permis de constater les progrès réalisés dans les domaines de la moisson, de la transformation et du stockage des produits agricoles.

Ces infrastructures modernes jouent un rôle crucial pour minimiser les pertes post-récolte et garantir la qualité des produits destinés au marché local. Elles témoignent également de l’engagement du secteur privé dans la modernisation de l’agriculture algérienne, un partenariat essentiel pour atteindre les objectifs d’autosuffisance.

Perspectives pour l’avenir

L’ensemble de ces mesures s’inscrit dans une vision ambitieuse pour l’agriculture algérienne, qui vise non seulement à garantir la sécurité alimentaire, mais aussi à positionner le pays comme un acteur régional dans la production agricole. En diversifiant les cultures, en optimisant l’utilisation des terres et en soutenant les agriculteurs, l’Algérie trace la voie vers une autosuffisance durable.

Les résultats prometteurs de la campagne 2024-2025, combinés aux réformes en cours, laissent présager une transformation profonde du secteur agricole dans les années à venir. En 2026, l’Algérie pourrait ainsi devenir un modèle de résilience alimentaire, capable de répondre aux besoins de sa population tout en réduisant sa dépendance aux marchés internationaux.

Par : HAMROUCHE MOUNIR

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