L’Algérie se trouve à un moment crucial de son histoire diplomatique, avec la possibilité de jouer un rôle de premier plan dans la revitalisation du Mouvement des non-alignés.
Selon le Dr. Abdelnour Ben Anter, professeur en sciences politiques et expert en relations internationales, l’Algérie dispose de l’influence diplomatique et du poids historique nécessaires pour impulser un renouveau de ce mouvement fondé sur l’indépendance et la solidarité des nations du Sud.
Lors de son intervention dans l’émission "L’invité de l’international" sur Radio Algérie internationale, le Dr. Ben Anter a expliqué que le Mouvement des non alignés, créé en pleine guerre froide pour contester les blocs de puissances dominants, a vu son influence diminuer au fil du temps. Selon lui, cette perte de poids est due à plusieurs facteurs, notamment le manque d’adaptation aux nouveaux enjeux géopolitiques, l’absence de mécanismes de résolution de conflits internes, et la montée d’une mentalité revendicative au sein des membres.
Pour redynamiser ce Mouvement, l’expert a proposé plusieurs réformes majeures. Celles-ci incluent la création d’une banque de financement des projets du Sud, pour que les pays membres puissent se soutenir financièrement sans dépendre des puissances occidentales, ainsi qu’un mécanisme interne pour résoudre les différends entre les États membres. Il a également suggéré de moderniser le concept du non-alignement, en le dissociant de son image figée liée à la guerre froide, afin de le rendre plus pertinent face aux défis contemporains.
Dans ce cadre, l’Algérie, qui a toujours soutenu les mouvements de libération et le droit à l’autodétermination des peuples, pourrait jouer un rôle essentiel dans cette réforme. Le pays est, selon le Dr. Ben Anter, particulièrement bien placé pour être à l’avant-garde de cette initiative, étant donné son expérience diplomatique et son héritage historique dans le soutien aux causes justes. L’Algérie pourrait également utiliser la multipolarité du système international actuel comme un levier pour promouvoir une diplomatie plus active et influente.
Le pays, qui a organisé le sommet du Mouvement en 1973, est prêt à réaffirmer sa position centrale dans ce regroupement d’États du Sud, en proposant des solutions concrètes pour relever les défis globaux. Le colloque international sur les politiques étrangères algériennes et le Mouvement des non-alignés, où ces propositions ont été exprimées, a permis d’ouvrir une nouvelle réflexion stratégique sur le rôle de l’Algérie dans la redéfinition de ce mouvement.