L’Algérie commémore aujourd’hui les tristes événements des massacres du 8 Mai 1945. Déjà 80 ans depuis cette tuerie à grande échelle commise par le colonialisme français.
De Sétif, Guelma en passant par Kharrata, des milliers d’Algériens sont tombés sous les balles assassines des colons et des militaires français. Des innocents qui manifestaient sans armes en clamant leur part de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire sur le nazisme, dont ils ont d’ailleurs contribué grandement avec leur participation active à de très nombreuses batailles pour libérer la France du joug allemand. Mais ces milliers d’innocents étaient loin de se douter que la France coloniale n’était nullement disposée à leur céder la moindre once de liberté. D’où, d’ailleurs, avec une grande brutalité, la soldatesque française a donné libre cours à sa barbarie en tirant à bout portant sur des civilis et en bombardant avec les avions et les navires de guerre des dizaines de mechtas et villages. Le résultat : plus de 45.000 morts. La France coloniale a tout fait pour camoufler ses crimes, en vain. Mais ce sont ces événements tragiques, comme l’attestent la majorité des historiens, qui ont contribué à l’accélération de l’Histoire.
En effet, ce sont ces tragiques tueries qui ont définitivement convaincus les Algériens de la nécessité de recourir aux armes pour leur libération. Et c’est ainsi que, presque dix années après le 8 Mai 1945, des hommes et des femmes épris de liberté se sont soulevés contre les occupants français le 1er Novembre 1954. Une terrible Guerre de libération couronnée par le recouvrement de la souveraineté nationale non, il est vrai, sans en avoir payé un très lourd tribut. La commémoration de cette année vient, une fois de plus, rappeler à la France ces méfaits et ses crimes qu’elle tarde encore à reconnaître amplement se contentant juste de faire quelques petits pas symboliques.
La France n’a d’ailleurs pas présenté officiellement ses excuses au peuple algérien et n’a pas fait preuve de repentance. L’ex-colonisateur, qui a à un moment donné parler des « bienfaits de la colonisation » n’ose pas se regarder dans un miroir et faire face à son passé colonial. Et cela risque fort bien de demeurer ainsi pour longtemps encore.
Ce d’autant qu’avec la montée de l‘extrême droite et son discours xénophobe, la fuite en avant va s’accentuer. La commémoration de cette année intervient dans un contexte politique marqué par une profonde crise dans les relations entre les deux pays. Une crise qui perdure depuis bientôt une année et dont l‘ampleur est sans commune mesure avec les différends du passé. Autant dire que les deux pays sont au bord de la rupture.
D’ailleurs, les ambassadeurs des deux pays accrédités à Alger ou à Paris ne sont pas sur place. Du jamais vu dans les rapports entre les deux bords de la Méditerranée. A l’évidence, la France assume l’entière responsabilité de cette situation. Otage d’un discours politique franchement anti-algérien teinté de xénophobie et tirant sa substance des frustrions d’une certaine « Algérie française », la France n’arrive pas à transcender son histoire et à se débarrasser de ses démons du passé.