Lors de la 5e session de la Commission mixte algéro éthiopienne, tenue dimanche à Addis-Abeba, l’Algérie et l’Éthiopie ont franchi une nouvelle étape dans leur partenariat stratégique. Coprésidée par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et son homologue éthiopien, Gedion Timothewos, cette rencontre a permis de consolider les relations bilatérales et de poser les bases d’une coopération économique et politique ambitieuse.
Accompagné d’une délégation de haut niveau représentant dix secteurs ministériels, Attaf a souligné l’importance de cette dynamique, fruit des engagements pris par le président Abdelmadjid Tebboune et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, lors de leur rencontre en février dernier.
Dans son discours de clôture, Attaf s’est dit « extrêmement satisfait » des résultats obtenus, qu’il a qualifiés de concrets et prometteurs. Il a mis en avant trois axes majeurs de cette session. Tout d’abord, le renforcement du cadre juridique bilatéral, qui est passé de 25 accords à 38, grâce à la signature de 13 nouveaux textes. Ces accords couvrent des secteurs variés, allant de l’industrie pharmaceutique à l’agriculture, en passant par l’énergie, les mines, les startup, le transport aérien, l’enseignement supérieur, le sport et la culture.
Ce cadre élargi reflète une volonté commune de diversifier les domaines de coopération et de tirer parti des complémentarités économiques entre les deux nations. Le deuxième point concerne la définition de priorités claires pour guider le partenariat algéro-éthiopien. Attaf a salué l’alignement des objectifs sur des secteurs stratégiques où les deux pays peuvent se compléter, comme l’agroalimentaire, les mines ou encore les startup.
« Ces priorités traduisent une vision partagée pour un développement économique mutuellement bénéfique », a-t-il déclaré, soulignant que certains domaines s’appuient déjà sur des accords existants, tandis que d’autres seront intégrés prochainement. Cette approche pragmatique vise à transformer les engagements en projets concrets, capables de générer des retombées tangibles pour les deux peuples. Enfin, le ministre a insisté sur la convergence stratégique entre l’Algérie et l’Éthiopie sur les questions régionales et internationales.
Les discussions approfondies avec son homologue éthiopien ont révélé un attachement commun aux principes de l’Union africaine (UA) et à un ordre mondial basé sur des règles justes. «En tant que piliers de l’UA, nos deux pays partagent une identité africaine forte et un engagement pour la paix et le développement», a-t-il affirmé. Cette harmonie politique renforce leur rôle de leaders continentaux, capables de peser sur les décisions régionales et globales. Pour garantir le succès de ces engagements, Attaf a proposé trois étapes clés.
La première consiste à ratifier rapidement les nouveaux textes juridiques, en particulier ceux nécessitant une validation formelle. La deuxième étape repose sur un suivi régulier des conclusions de la session, à travers l’activation des mécanismes de coopération bilatérale et l’échange fréquent de visites ministérielles. Enfin, il a appelé à impliquer pleinement les milieux d’affaires des deux pays, qu’il considère comme des acteurs centraux pour concrétiser ce partenariat. « Les entrepreneurs doivent être au coeur de cette dynamique pour en faire une réalité économique », a-t-il insisté.
Cette session s’inscrit dans la continuité des décisions prises par Tebboune et Abiy Ahmed, qui avaient convenu de renforcer leur partenariat stratégique et de l’étendre aux domaines économiques. Selon des observateurs, les travaux de la commission ont atteint leurs objectifs, tant sur le plan politique que sur celui de la diversification de la coopération. Le communiqué final adopté par les deux parties a souligné une convergence de vues sur les enjeux régionaux, continentaux et internationaux, ancrée dans leur fidélité à l’Acte constitutif de l’UA et à la Charte des Nations unies.
Sur le plan économique, les résultats sont tout aussi significatifs. Les priorités définies, industrie pharmaceutique, agriculture, énergie, mines, start-up – correspondent aux potentialités des deux pays et à leurs ambitions de développement. En signant 13 nouveaux textes juridiques, l’Algérie et l’Éthiopie ont enrichi leur arsenal réglementaire, créant un environnement propice aux investissements et aux échanges commerciaux. Ces accords, axés sur des secteurs à forte valeur ajoutée, visent à établir un partenariat économique solide entre deux acteurs influents du continent.
L’aspect humain n’a pas été négligé. Des mémorandums d’entente et des programmes exécutifs ont été signés dans l’enseignement supérieur, le sport et la culture, reflétant la conviction que les échanges entre les peuples algérien et éthiopien sont essentiels pour consolider l’amitié bilatérale. Ces initiatives devraient favoriser une meilleure compréhension mutuelle et renforcer les liens culturels, éléments clés d’un partenariat durable.
En marge de la commission mixte, Attaf a multiplié les rencontres à Addis- Abeba. hier, il s’est entretenu avec le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, à qui il a réitéré le soutien de l’Algérie pour sa mission en faveur de la paix, du développement et de l’intégration africaine. Les discussions ont porté sur les défis continentaux et les moyens de renforcer la coordination entre l’Algérie et l’UA. Attaf a également rencontré la vice-présidente de la Commission, Selma Malika Haddadi, pour évoquer la gouvernance administrative et financière de l’UA, ainsi que les stratégies pour répondre aux enjeux politiques, sécuritaires et économiques du continent.
Ces entretiens, tenus à la veille de la 24e session extraordinaire du Conseil exécutif de l’UA, témoignent de l’engagement actif de l’Algérie dans les affaires africaines. En tant que membre influent de l’UA, le pays continue de plaider pour une Afrique unie et prospère, capable de relever ses défis collectivement. Les échanges avec Youssouf et Haddadi ont permis d’explorer des pistes pour unifier les efforts face aux crises régionales, tout en consolidant le rôle de l’UA comme acteur central de la gouvernance continentale.
La 5e session de la Commission mixte algéro-éthiopienne marque ainsi un tournant dans les relations entre les deux pays. En renforçant leur cadre juridique, en définissant des priorités économiques claires et en consolidant leur convergence politique, l’Algérie et l’Éthiopie envoient un signal fort : leur partenariat est non seulement un modèle de coopération bilatérale, mais aussi une contribution à l’intégration africaine.
Les défis restent nombreux, notamment la mise en oeuvre effective des accords signés, mais la volonté affichée par les deux parties laisse présager un avenir prometteur. Pour les deux nations, cette dynamique est une opportunité de transformer leurs potentialités en projets concrets, au service de leurs peuples et du continent. En plaçant les milieux d’affaires et les échanges humains au coeur de leur stratégie, l’Algérie et l’Éthiopie tracent une voie ambitieuse, où la coopération économique et la solidarité africaine vont de pair. À l’heure où l’Afrique cherche à affirmer sa place sur la scène mondiale, ce partenariat pourrait bien devenir un exemple à suivre.