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Docteur Nabila Bouteras* au Midi Libre
«Le cancer de l’enfant est souvent diagnostiqué à un stade tardif»
27 Juin 2012

Par manque de structures et de personnel médical spécialisé en oncologie pédiatrique, le cancer chez l’enfant est malheureusement diagnostiqué à un stade tardif. Ajouté à cela le manque cruel de chimiothérapie qui fait que les chances de guérison diminuent. Le docteur Nabila Bouteras nous fait dans cet entretien un état peu reluisant des lieux.

Midi Libre : Le cancer de l’enfant a-t-il une particularité ?
Docteur Bouteras : En effet, le cancer de l’enfant a plusieurs différences avec celui de l’adulte. D’abord il est très rare, au point où la majorité des médecins généralistes ne reconnaissent pas ces signes et donc n’arrivent pas à le diagnostiquer de manière précoce.

Quels sont les cancers les plus fréquents chez l’enfant ?
Les plus fréquents sont les leucémies qui ne sont malheureusement pas toujours diagnostiquées à temps.
Dans notre service on reçoit ces enfants à des stades avancés de la maladie c’est-à-dire avec des complications de leur pathologie.
Ainsi, la plupart des enfants décèdent suite à ces complications et même si on entame une chimiothérapie, l’état de l’enfant déjà affaibli ne supporte plus ces soins d’où l’intérêt de faire un dépistage précoce.

Vous parlez de dépistage précoce, cela veut-il dire que le cancer de l’enfant est héréditaire ?
Nous n’avons pas d’étiologie précise, c’est-à-dire un facteur responsable bien défini car les cas de cancer héréditaire sont très rares, ils sont de moins de 5%. Cela dit, les facteurs génétiques sont absents.

Quels sont donc les signes révélateurs de cette pathologie ?
Ce qu’il faut savoir c’est qu’avant tout un enfant n’est pas à l’abri d’un cancer. Ensuite, il faut reconnaître les signes d’appel : un enfant souvent pâle, qui se plaint de douleurs osseuses, qui saigne, qui fait une fièvre rebelle, inexpliquée et ne répond pas aux traitements antibiotiques, ou encore un enfant qui a des ganglions…
Dans des cas pareils, il faut demander des examens complémentaires afin de déterminer de quoi souffre l’enfant.

Les équipements au niveau des hôpitaux répondent-ils aux normes pour soigner ces enfants ?
Malheureusement non... nos hôpitaux sont les mêmes depuis 30 ans, avec le même nombres de lits alors que le cancer de l’enfant, tout comme celui de l’adulte d’ailleurs, est en train de se multiplier, donc les moyens dont nous disposons ne vont pas de paire avec le nombres de malades sans cesse croissant.
En effet, nous recevons chaque semaine 5 demandes d’hospitalisation dans nos services c’est-à-dire 20 nouveaux malades par mois. Il y a aussi un autre problème : faute de structures à l’intérieur du pays les patients affluent vers la capitale.

Peut-on connaître le nombre d’enfants touchés en Algérie ?
Le problème dans notre pays c’est qu’il n’a pas d’étude épidémiologique pour connaître la prévalence de cette maladie. Ce que je peux vous dire cependant c’est que dans notre service à Beni Messous, nous traitons 100 malades chaque année et nous recevons environ 70 nouveaux cas annuellement.

Qu’en est-il de la disponibilité des médicaments ?
Depuis le mois de janvier nous sommes confrontés à une rupture la plus sévère par rapport aux années passées. Le problème chez l’enfant c’est qu’on ne peut pas lui administrer de nouvelles molécules, on reste classique dans le traitement car on ne peut pas se permettre de faire des essais avec les nouveaux médicaments.

Un dernier mot…
Je voudrais dire que nous avons une population jeune et le cancer de l’enfant est en progression, nous n’avons malheureusement pas de structures spécialisées en oncologie pédiatrique pour prendre en charge ces petits malades. Ils sont hospitalisés dans des services à côté d’autres enfants atteints de méningite, tuberculose… alors que le caractère du déficit immunitaire de l’enfant atteint de cancer exige qu’il soit isolé dans une structure spécialisée et dans cette structure nous devons réunir tout le personnel médical et paramédical bien formé dans cette spécialité qu’est le cancer de l’enfant. On doit savoir ce qu’est cette maladie et ces complications pour bien la gérer. D’autre part on manque de service d’hématologie- réanimation car un enfant qui reçoit une chimiothérapie doit être transfusé en sang et en plaquettes.


*Pédiatre oncologue
à Beni-Messous

Par : Ourida Ait Ali

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