Le Dr Rachid Hamidi nous explique dans cet entretien les causes de l’obésité et les conséquences que cette pathologie peut avoir sur la santé. Mais surtout, il nous parle de la prévention de la prise de poids excessive qu’engendre cette pathologie.

Mid Libre : Comment pouvez-vous nous définir
l’obésité ?
Dr Rachid Hamidi : L’obésité est une maladie reconnue qui peut engendrer de réels problèmes de santé physiologiques ou psychologiques
L’obésité est un excès de masse grasse dans le corps, résultat d’un déséquilibre entre l’apport calorique quotidien et les dépenses énergétiques : l’organisme reçoit plus qu’il ne dépense et donc "stocke" une partie du surplus.

Quels sont les facteurs favorisant cette pathologie ?
De nombreux facteurs peuvent renforcer ce déséquilibre et favoriser l’obésité ou du moins la prise de poids, dont l’hérédité, la culture alimentaire, la sédentarité, l’arrêt du tabac et des phénomènes hormonaux (notamment chez les jeunes et les femmes).

Qu’est-ce qui définit l’obésité et la prise de poids ?
La définition de l’obésité repose, entre autres, sur le calcul de l’Indice de masse corporelle. Pour évaluer son poids, d’autres indices simples existent comme la mesure de votre tour de taille.
L’Indice de Masse Corporelle (IMC) défini par l’Organisation mondiale de la santé met en relation 2 variables simples à mesurer : son poids et sa taille, selon la formule suivante :
IMC = Poids/ Taille

Ces calculs sont-ils valables pour toutes les personnes ?
Attention ! le calcul de l’IMC est valable pour les adultes entre 16 et 70 ans.
Pour les enfants et les personnes âgées, d’autres méthodes sont disponibles.
La mesure du tour de taille : cette mesure permet de détecter une obésité abdominale. Simplement à l’aide d’un mètre de couturier, il est possible de se surveiller :
Vous êtes un homme : si votre tour de taille est supérieur à 100 cm, il vous faut consulter.
Vous êtes une femme : si votre tour de taille est supérieur à 90 cm, il vous faut consulter.
Nous tenons à insister que, si vous avez le moindre doute, tant pour vous que pour l’un de vos proches, il est important de laisser toute décision, et notamment celle concernant un régime, à votre médecin. Même si vous vous situez dans votre zone de poids idéal, c’est-à-dire vous ne présentez ni obésité ni surpoids, surveillez-vous régulièrement. Un dérapage peut toujours arriver...
Sans être obsédé, il faut rester vigilant toute sa vie !

Qu’appelle-t-on donc un surpoids ?
Notre société est aujourd’hui très portée sur le syndrome du poids idéal. Cela peut entraîner un résultat inverse à l’effet souhaité, et d’une minceur extrême, vous passez à un état d’obésité. Néanmoins, la mesure régulière de son poids permet de suivre les variations, dans un sens comme dans l’autre. Un surpoids passager n’est pas forcément le signe d’une obésité naissante, mais peut être juste le moment de se remettre à faire un peu d’exercice ou de surveiller son alimentation. Il est très important de détecter d’éventuelles complications médicales et de réfléchir avec votre médecin traitant à une prise en charge médicale globale et adaptée à votre cas.
L’obésité est une maladie qui a une tendance spontanée à l’aggravation.

Quels sont les différents types de complications sur la santé ?
- Complications physiologiques ;
- Complications cardiovasculaires ;
- Complications respiratoires ;
- Complications hépato-biliaires ;
- Complications de la fonction reproductrice ;
- Complications ostéo-articulaires ;
- Complications psychosociales.

Et du point de vue psychologique ?
L’obésité est aussi responsable de désagréments nombreux dans la vie quotidienne. Outre un sentiment de rejet de la part des autres qui entraîne souvent une solitude, notamment affective, la personne obèse souffre lors d’activités physiques, sportives, etc.
Les personnes obèses ressentent généralement plus de difficultés que les autres à se mouvoir. En partie dû à d’autres implications physiologiques (fatigue, circulation sanguine...), le simple fait de l’augmentation du poids complique les mouvements.

Et pour la prévention ?
En effet, la prévention de l’obésité reste une arme efficace et elle se cultive dès le jeune âge. 
Chez l’enfant, encore une fois, une obésité dépistée et traitée précocement, notamment avant l’adolescence, n’entraînera pas a priori de conséquence chez le futur adulte.

Quelles sont les principales causes de l’obésité chez l’enfant ?
Les premières causes d’obésité sont généralement simples : une sédentarisation excessive avec diminution de la pratique sportive ; l’influence de la télévision : certaines études ont démontré que le temps passé à regarder la télévision durant l’enfance peut être considéré comme prédictif d’une obésité à l’adolescence ; l’évolution des habitudes alimentaires ; des prédispositions génétiques (facteurs héréditaires).
La première mesure de prévention reste la mesure annuelle de la taille et du poids de l’enfant pour suivre la courbe de corpulence et repérer ainsi les enfants à risque.

Comment réagir ?
La première démarche et la plus importante est de montrer que l’on perçoit ces signes et qu’ils sont pris en compte. Il ne faut certainement pas céder à quelque panique que ce soit, mais plutôt trouver les moyens, dans le couple ou seul, de se rendre plus disponible. La consultation de son médecin de famille ou du pédiatre de l’enfant reste la base d’une démarche coordonnée pour faire face à l’aggravation d’un surpoids ou d’une obésité naissante. Le pédiatre et le médecin de famille sont les mieux à même de vous écouter et de vous orienter en ce qui concerne votre enfant. Ils vous connaissent et vous conseilleront en matière d’actions et de mesures à prendre.
Souvent oubliées, les conséquences de l’obésité doivent aussi être prises en compte et soignées.

Que pensez-vous des
régimes  miracles ?
Attention aux régimes miracles. Les régimes sont souvent source de dénutrition protéique, de déficit en calcium. Alors n’entamez jamais un régime en solitaire. Parlez-en d’abord à votre médecin. Le régime végétarien exclut la chair animale et le poisson mais autorise le lait, le fromage et les œufs. S’il peut être équilibré (si au moins 30 g de protéine animale par jour), il est souvent appliqué de manière très restrictive et entraîne des carences protéiques.
Le régime végétarien exclut tout aliment d’origine animale, y compris le lait, le beurre et l’œuf. La valeur biologique des protéines végétales étant faible, la carence protéique est rapide et sévère. Le régime dissocié. Chaque jour le sujet consomme un seul type d’aliment : viandes ou fruits ou fromage ou légumes, etc. Le déséquilibre nutritionnel, évident, favorise un amaigrissement mais également des troubles de carence rapides.
Régime macrobiotique consiste en la prise de riz complet additionné de légumes et légumineuses divers. Il est accompagné d’une restriction de boisson. Cette restriction hydrique associée à la carence en protéines animales en fait un régime dangereux.