Les travaux de restauration, qui ont touché ces derniers mois différents sites archéologiques de la capitale des Zianides dans le cadre de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011», ont permis de réhabiliter plusieurs parties du restaurant historique de la rahma édifié par le savant Sidi Ahmed Ben Lahcen El Ghomari au XVe siècle.
Ce restaurant dénommé «Qout el qouloub» est l’un des plus anciens restaurants de la rahma et le plus célèbre de la région offrant ses actions caritatives aux démunis, aux sans-logis, aux voyageurs et aux pauvres en général. Cet édifice est situé au derb historique «Sebaa kouas» jouxtant la Grande mosquée en plein centre-ville de Tlemcen. Des sources historiques racontent que Sidi Ben Lahcen El Ghomari utilisait, par ailleurs, sa coupole pour accueillir les disciples venus apprendre et suivre ses halqas scientifiques.
Pour prendre en charge ces disciples, cheikh Ben Lahcen se chargeait de leur procurer à manger auprès de bienfaiteurs et de notables de la ville dans le cadre de la zakat et de la charité. Cette initiative lui a donné, ensuite, l’idée de créer un restaurant pour accueillir ses étudiants en plus des pauvres et des démunis de la ville. Après sa mort en l’an 874 de l’hégire (1470 ), ses adeptes ont perpétué cette initiative en direction des démunis, en procédant à la transformation de l’aile jouxtant le dôme qui abrite son mausolée en un bien habous pour accueillir en permanence un restaurant de la rahma. Cette tradition a été conservée pendant plusieurs années et a été renforcée grâce à la bonne action qu’a ancrée Sidi Ben Lahcen dans les coeurs des commerçants, des fellahs et des riches. Ces derniers ont pris l’habitude d’envoyer le dixième de leurs revenus au mausolée de Sidi Ben Lahcen pour être distribués aux pauvres et aux orphelins.
Grâce à ces actions, ce lieu est appelé communément «Derb el hassanate» où le pauvre et le démuni trouvent charité et bon traitement, sachant que cette appellation est toujours en vigueur. Ce lieu s’est transformé en un refuge pour les personnes âgées avant qu’il n’abrite après l’indépendance le restaurant de la meida de Ramadhan sous l’égide du C-RA et de devenir par la suite un service administratif. Selon certains chercheurs dans le patrimoine local, Sidi Ben Lahcen, issu de la ville de Nedroma, était connu par sa piété, sa grande dévotion et son savoir et connaissance dans les sciences de la religion en plus de sa parfaite récitation du saint Coran.
Cela a fait que son dôme soit le lieu de passage obligé des étudiants, dont celui de Sidi Ahmed Zerrouk El Bernassi, célèbre dans l’histoire des zaouïas du grand Maghreb, et du savant Mohamed Ben Youcef Es-sanouci. Après sa mort, le dôme de cheikh Ghomari s’est transformé en un lieu de pèlerinage de la part de la gent féminine.