L’enseignement de la musique andalouse est tributaire d’une production pédagogique soutenue dans les différents domaines (poésie, techniques instrumentales et histoire), a indiqué mercredi dernier à Tlemcen le musicien Lazhar Ghozlane au terme des travaux du Colloque international sur la poésie et la musique andalouses.

«La musique arabo-andalouse a la particularité de disposer d’un capital esthétique riche et complexe construit autour d’une composition musicale d’expression modale adaptée à une production poétique spécifique (mouwashah et zadjal), le tout exécuté selon une forme particulière, la nouba», a expliqué cet artiste. L’enseignement de ce corpus nécessite, selon lui, "plusieurs cycles de formation et fait intervenir plusieurs domaines de connaissances (la langue, le texte poétique, la formation musicale, les techniques vocale et instrumentale)". "La formation musicale qui cristallise tous les débats est un élément nécessaire mais insuffisant pour rendre compte de la tradition et de l’authenticité de ce répertoire", a relevé M. Ghozlane. Dans sa conférence intitulée "La nouba entre mythe et reconstitution", l’enseignante-chercheue Maya Saidani a affirmé que la nouba n’a eu de cesse de se développer depuis sa création. "Ce développement a pris diverses appellations", a-t-elle dit, notant qu’à Constantine, la nouba dispose de plusieurs significations. L’universitaire Mohamed Mehannek a souligné, dans sa communication intitulée "L’enseignement de la musique andalouse entre pratiques et perspectives" que le rôle joué par les associations dans la transmission de la musique andalouse dans le Maghreb est déterminant. Il en veut pour preuve deux exemples d’associations et d’établissements éducatifs "qui font un travail sérieux" dans ce domaine, en l’occurrence l’annexe du conservatoire de Hussein Dey et l’association culturelle "Slimania" de Hadjout, wilaya de Tipasa. Le professeur tunisien Mourad Siala a abordé, dans sa conférence "La nouba trait d’union entre le malouf et la Hadhra soufie", les détails structurels de la nouba qui constituent le point commun entre le Malouf et la hadhra soufie. Dans son approche, M. Siala a mis l’accent particulièrement sur le patrimoine soufie de Sfax en Tunisie et des témoignages de chouyoukhs et sur l’analyse des rythmes et mélodies "qui ont prouvé l’existence d’un lien remontant à très loin". D’autres communications ont abordé des thèmes liés à "Hawzi entre le texte poétique et l’interprétation musicale", "La question de la transcription de la musique andalouse : l’expérience marocaine", "La nouba à la croisée des arts et de la littérature" lors de la troisième et dernière journée de ce colloque international, auquel ont pris part de nombreux professeurs et chercheurs de pays arabes, d’Europe et d’Amérique.