Les experts européens du recrutement  n’imaginent pas que le Mondial-2010 en Afrique du Sud perturbe outre-mesure le  classique mercato estival et, tout au plus, ils calculent un "effet retard" à  la marge au mois d’août ou plus vraisemblablement un début d’agitation l’été  prochain.  
								«Ce n’est pas le Mondial qui va révéler un peu plus Ronaldo ou Messi»,  raisonne ainsi avec bon sens l’ex-directeur sportif Claude Le Roy, aujourd’hui  sélectionneur. Mais pour les joueurs de niveau inférieur, ça permet de  confirmer ou de disparaître». Effectivement, les anonymes peuvent miser sur l’effet loupe pour se faire  un nom et une place au soleil. "Ça peut faire exploser le 2e marché. Mais il y a des grands joueurs de  petits championnats qui ne feront jamais des petits joueurs de grands  championnats. Ça n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque, c’est une  question de confiance", tempère-t-il en pensant à l’ex-Lyonnais Pedretti ou au  gardien Ettori, "qui a eu beaucoup de mal à se remettre du Mondial 1982..." Un phénomène à relativiser cependant car dans le football moderne, plus  personne n’échappe à personne. 
Priorité aux catégories de "jeunes" 
"Les grands joueurs sont déjà casés et aucun Anglais ou Brésilien n’est achetable. C’est pour ça qu’on s’intéresse en priorité aux catégories de  jeunes", explique l’agent Franck Belhassen.  "En 1997, lors de la finale Ghana-Brésil du Championnat du monde des moins  de 17 ans, j’avais déjà tous les rapports possibles. L’Afrique du sud, si j’y  vais, c’est pour le plaisir !", fanfaronne ainsi son confrère Ranko Stojic. "Le Mondial ne booste pas le marché", analyse l’économiste du Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges (centre de la France) Didier  Primault, qui n’oublie pas l’immense majorité des joueurs non concernés. "Il ponctue le rythme, mais pas le nombre des transactions. Pour ceux qui ne  disputent pas la compétition, l’impact existe mais il est marginal. Pour cette  année, la conjoncture globale comptera plus que le Mondial pour le mercato".  Pour leur part, les clubs acheteurs sont face à deux possibilités  : soit ils  anticipent, soit ils attendent la fin. Avec les risques que cela comporte, à  savoir que la cote s’envole. Ce qui, par ricochet peut amener les clubs vendeurs à retarder l’échéance. "Si on est le Barça ou Chelsea, on peut toujours attendre de voir ce que ça  va donner pour avoir l’équipe la plus spectaculaire, mais même le plus  prestigieux des clubs français ne peut pas se permettre d’attendre et doit  faire le recrutement le plus intelligent possible", prévient Le Roy. 
Travailler sur le cru 2011 
 "Les grandes affaires sont faites avant, confirme l’ex-sélectionneur de  l’équipe de France Aimé Jacquet. En 98, j’avais pris mes disposition pour que  les joueurs aient réglé ça. Sinon, ça vous déstabilise, ça peut vous ruiner un  joueur". En 2006, sept des 28 joueurs de la finale avaient changé de club cet  été-là. Un chiffre anormalement élevé qui vaut la peine d’être relativisé : quatre d’entre eux s’étaient empressé de quitter une Juventus reléguée (Thuram, Vieira, Zambrotta, Cannavaro), un avait été transféré avant la compétition  (Grosso), un autre fin août (Gallas) et le dernier (Diarra) était resté en France. Enfin, tous sauf le dernier étaient des joueurs déjà plus que connus. "Tous les clubs sérieux ont commencé leur scouting en octobre", garantit encore M. Stojic. Du coup, l’automne 2010 servira peut-être à travailler sur le cru 2011. "Il y a pas un impact immédiat mais plus un effet retard", confirme M.  Primault qui cite les cas de Ribéry et Malouda, transférés en 2007, en pensant  à celui de Gignac.  Dans un marché saturé où l’Eldorado européen n’existe plus, les rares surprises de 2010 ne pourraient donc venir du continent sud-américain, Uruguay en tête.
AFP