A un peu plus d’un mois du début du Mondial, l’affaire de proxénétisme à laquelle sont mêlés trois joueurs de l’équipe de France (Ribéry, Govou, Benzema) alourdit encore le climat autour des Bleus et pourrait avoir des conséquences directes sur la vie d’un groupe déjà bien mal en point.
Discréditée depuis la fameuse main de Thierry Henry contre l’Eire, fragilisée par l’impopularité d’un sélectionneur sur le départ et la méforme de ses cadres, la France n’avait sûrement pas besoin de cette nouvelle avanie juste avant d’entamer sa préparation pour la Coupe du monde. Mais la révélation de l’audition de Franck Ribéry et de Sidney Govou dans le cadre d’une enquête sur un réseau de prostituées, et celle, à venir, de
Karim Benzema, jette le trouble juste avant la divulgation par Raymond Domenech de la liste des 23, le 11 mai. Ce sont surtout les relations entretenues par Ribéry et Benzema avec une jeune femme mineure au moment des faits qui pourraient les placer dans l’embarras et avec eux l’ensemble de l’équipe de France. Ribéry a assuré devant les enquêteurs qu’il ignorait la minorité de la prostituée, selon des sources judiciaires, tandis que la jeune femme a indiqué aux policiers avoir connu Benzema alors qu’elle avait 16 ans.
Le fait de solliciter des relations sexuelles avec une mineure prostituée est passible de trois ans de prison et de 45 mille euros d’amende et les deux joueurs pourraient être mis en examen si le juge d’instruction André Dando le décidait. Un cas de figure qui doit déjà hanter les nuits de Domenech, inquiet de l’impact d’une telle décision sur le moral et le jeu de deux de ses joueurs majeurs.
L’affaire a d’ores et déjà eu des répercussions sur les performances de Francky, le leader technique de la sélection ayant montré une nervosité inhabituelle en étant exclu pour un très vilain geste au bout de seulement 37 minutes, mercredi contre Lyon en demi-finale aller de la Ligue des champions. Benzema est lui aux abonnés absents depuis plusieurs semaines et se contente d’un statut de remplaçant pour sa première saison au Real Madrid. Cette "affaire" ne devrait pas arranger sa situation dans son nouveau club qui aurait, selon la presse espagnole, déjà fait une croix sur le transfert de Ribéry dont l’image de "gendre idéal" est sérieusement écornée. Une mise en examen des deux joueurs les placerait donc dans une situation encore plus délicate et poserait forcément la question de leur présence dans la liste des 23 pour le Mondial. Le stage de préparation des Bleus doit débuter le 18 mai à Tignes (Alpes françaises) et le groupe France va alors s’embarquer pour un rassemblement d’au moins un mois. Comment gérer les états d’âme de joueurs qui auront forcément la tête ailleurs, loin de la sérénité exigée pour une grande compétition internationale? Comment assurer la communication face aux médias du monde entier ou supporter les quolibets du public? Ces questions dépassent largement les considérations tactiques sur le positionnement de Ribéry à droite ou à gauche ou la place de Benzema dans la hiérarchie des attaquants français et pourraient pousser Domenech, qui quittera quoi qu’il arrive son poste à l’issue de la Coupe du monde et qui n’a donc plus de comptes à rendre, à tailler dans le vif. En Angleterre, les déboires extra-conjugaux de John Terry ont fini par rapidement déteindre sur ses prestations et le défenseur de Chelsea a été déchu du capitanat de la sélection par Fabio Capello. Domenech est plus ou moins confronté au même dilemme.
AFP