Au Yémen, la religion est omniprésente dans tous les aspects de la vie sociale. «La Charia est la source de toutes les lois. Yémen est dérivé du mot «yamine» qui signifie «la droite». Les Yéménites tirent une grande fierté du fait que leur pays est situé à droite de La Mecque. Ce qui a une forte charge symbolique pour les fidèles qui s’orientent cinq fois par jour vers la Ville sainte lorsqu’ils prient.
Chaque coucher du soleil, la rupture du jeûne donne lieu à une fête familiale, une ambiance euphorique. Pendant le mois sacré, ce pays retrouve ses habitudes d’antan : celles d’un monde bien différent, encore régi par des tribus aux traditions tenaces et complexes. Les mots d’ordre sont hospitalité, simplicité et modestie. Parmi l’une des plus fortes traditions locales, le port de la «jambia», sorte de poignard porté en bandoulière. Cette tradition identitaire renvoie aux valeurs de virilité et d’honneur des hommes et des garçons. Dès leur bas âge, les chérubins yéménites sont initiés au port de la jambia, mais… en bois.
Pour exprimer leur bonheur, pendant les soirées, les fêtes et les moments forts de Ramadan, les hommes sortent leur poignard de son étui et commencent à danser en brandissant les lames au-dessus de leur tête.
Le jour, le rythme est tout autre. L’activité professionnelle tourne au ralenti durant le mois sacré. Le matin, les rues sont désertes. L’activité diurne ne commence qu’en début d’après-midi après la prière. Le climat n’arrange pas non plus la situation. Il est presque partout désertique, très chaud et humide le long de la côte ouest. A l’heur du f’tour, les Yéménites se mettent par terre (qaâda arabi). F’tour et dîner sont servis séparément.
Après les dattes et le café pris léger et sans sucre, il faut faire sa prière du Maghreb avant de poursuivre son f’tour. La famille partage les entrées : chorba (soupe aux lentilles ou à l’avoine, soupe aux légumes) et le réputé shafuut : un pain au yaourt, herbes et viandes. Vient ensuite la sambousa : un mets à base de viandes et d’oignons ou encore al fatta, délicieux dessert, pris en général en début de repas. Ce dessert est composé de pain, banane écrasée et miel.
Peu de temps après ce cérémonial, les Yéménites vaquent aux mosquées pour la prière d’Al Ichaa et les Tarawihs. Les dix dernières soirées du mois sont dédiées exclusivement aux prières (Al Qyame).
Au retour à la maison après les Tarawihs qui se poursuivent tard dans la nuit, le dîner est servi peu de temps après. Généralement, ce sont des soupes et des pot-au-feu traditionnels. «Al âssid» et la salta (soupe à base de viande épicée et soupe sauce à base de légumes, de viande de mouton et surtout de fenugrec) sont particulièrement appréciés.
Autre mets local prisé, le lahram ranan : un plat à base de viande de chèvre cuite au four, dans une feuille de bananier. Sans oublier tiagda, une viande cuisinée avec des légumes, sauce tomate et épices. Le thé noir est de mise après le dîner.
Après, rebelote dans les souks. Pendant le mois sacré particulièrement, Sanaâ est à son tour gagnée par la société de consommation. Bédouins et citadins préfèrent déambuler dans les labyrinthes de ruelles et des souks : un lieu de socialisation entre les systèmes de valeurs du monde tribal et ceux du monde urbain. Epices, tissus, provisions, encens, provisions… les souks sont très bigarrés. Que ce soit à Sanaâ, Ta’izz, Aden ou encore Hadramaoute, vous êtes toujours au Yémen, mais chaque ville et chaque mouhafazeh a ses propres couleurs, ses propres senteurs, ses propres spécialités.
Mis à part la prière et les visites des familles, ce sont les soirées du qat (al maquil) qui raflent la vedette. C’est un rite de cohésion sociale
Léger euphorisant, le qat est une véritable institution au Yémen, un phénomène de société. Hommes, femmes et enfants en consomment sans modération le soir. C’est un pivot de la vie sociale. Sa particularité réside essentiellement dans le rite éminemment convivial qui accompagne sa consommation.