Le Midi Libre - Supplément Magazine - Tarawihs et narguilé au pays du Cham
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Syrie
Tarawihs et narguilé au pays du Cham
16 Août 2010

Au pays du Cham, l’une des plus vieilles contrées du Moyen-Orient, le mois sacré incarne une valeur spirituelle toute particulière : visites familiales, spiritualité, prières, psalmodies, veillées, chants… font le lot des activités récurrentes durant le Ramadhan.

La Syrie, rappelons-le, est l’une des plus vieilles civilisations du Moyen-Orient qui plus est un pays laïc. Aux frontières de la Turquie, de l’Irak, de la Jordanie et du Liban, la Syrie est un pays chargé d’histoire. En témoigne l’une des plus vieilles mosquées de la région située à Damas. A l’heure de la prière, les mosquées sont bondées, surtout le soir et durant la dernière quinzaine du mois. Psalmodies, cours religieux, prêches, tarawihs… fédèrent de plus en plus de pratiquants. Les fidèles deviennent plus généreux. Des opérations de collecte d’aumône et de dons sont organisées à la sortie des lieux de culte.
Au fur et à mesure que le Ramadhan avance, hommes et femmes sont de plus en plus nombreux à se rendre aux mosquées le soir. A Damas par exemple, le recueillement pour les tarawihs connaît un rush dans la mosquée des Omeyyades. Vieille de plus de 13 siècles, blanche et décorée de somptueuses mosaïques, la mosquée des Omeyyades est l’un des témoignages les plus remarquables de l’art islamique. Un monument à l’architecture exceptionnelle qui, pendant des siècles, allait servir de modèle aux constructeurs de mosquées dans tout le monde arabo-musulman.
C’est dans ce lieu de culte exceptionnel que des milliers de fidèles damascènes font leurs prières durant le mois sacré. Le mois sacré est par excellence une période spirituelle, de ferveur et de piété.
Les Syriens ont un sens aigu de la famille et de l’échange exceptionnellement durant ce mois. Pour eux, Ramadhan est l’un des moments forts pour resserrer les liens familiaux. Sans prévenir, les visites se font nombreuses après le f’tour et surtout durant la dernière quinzaine du mois sacré.
De jour comme de nuit, les traits du mois sacré sont perceptibles dans les principales villes syriennes. Que ce soit à Damas, à Alep, Hama ou encore à Al Quneïtra… les principales villes adoptent un rythme, un ton et des couleurs particulières. Tout prête à la méditation et au recueillement, souligne un Syrien pour qui les résonances du muezzin et l’appel à la prière ont un effet particulier durant le mois sacré.
A la rupture du jeûne, la table du f’tour est assez variée. Le dîner est servi en même temps que le f’tour. Au menu : fattouche, un plat qui est incontournable. Il se compose d’une salade garnie de petits morceaux de pain frit, des légumes émincés et frais et des herbes… La soupe au vermicelle ainsi que le plat de résistance sont incontournables.
Les mezzés, autres plats typiques syriens, occupent une place non moins importante. Ces petites entrées sont servies dans des coupelles. Le hoummos, une purée de pois-chiche avec de la crème de sésame, de la coriandre fraîche et d’autres épices, reste une spécialité prisée. S’y ajoutent le «moutabbal», un caviar d’aubergine avec de la crème de sésame, le «baba ghanûj», autre caviar d’aubergine avec des poivrons et herbes ou encore le «mouhammara», une purée toute rouge et piquante.
La particularité culinaire de Damas, qui reflète toutes les spécificités culinaires syriennes, réside dans sa tradition du farci (al mahchi) : aubergines, courgettes, pomme de terre… Le tout accompagné de riz et gâteaux à base de semoule et de fromage naturel. Pour sa part, la cuisine d’Alep est plutôt réputée pour son raffinement qu’elle aurait puisé de sa proximité avec la Turquie et la Grèce.
Généralement, la cuisine syrienne a beaucoup de points en commun avec la libanaise. On y trouve, de part et d’autre, les grillades : le kebab (brochettes de viande hachée), le chich taouk (brochettes de poulet mariné dans des épices), ainsi que plusieurs variétés de plats à base du petit-lait (leben).
Le thé noir et le café turc sont servis à volonté durant le f’tour. Le café est servi dans de petites tasses et aromatisé à la cardamome. Quant au thé, il est pour sa part très sucré et siroté à longueur de soirée. Les Syriens boivent aussi beaucoup de jus de dattes chaud. Le tout accompagné de sucreries, de gâteaux tels qu’al konafa, chaaïbate (l’équivalent des briouates) et la fameuse baklawa. Des pâtisseries composées d’amandes, de noisettes, pistaches, farine et sirop de sucre.
A quelques heures du coucher du soleil, les Syriens aiment flâner dans les souks principalement à Damas et Alep : les marchés les plus vivants et les plus colorés du Proche-Orient. Dans les ruelles de la capitale, les artisans sont à pied-d’œuvre ; ils deviennent plus actifs et enregistrent plus de commandes durant le mois sacré.
La rue est plus animée dans les quartiers populaires le soir. Des veillées de chant spirituel y sont célébrées. L’on organise aussi des spectacles d’une rare beauté, telle que la danse des derviches-tourneurs.
Les cafés de Damas ne désemplissent pas à leur tour le soir. Jeux d’échecs, de cartes et amuse-bouches (cacahuètes, pistache, amandes…) deviennent très prisés sur les terrasses.
Dans les quartiers populaires et les ruelles, les effluves des braises brûlantes et de tabac parfumé (al maâssel) animent les conversations. Jeunes et moins jeunes palabrent et savourent en tirant sur le long tuyau des narguilés. Plus qu’une distraction, un rituel incontournable à bilad Cham.
Source L’Economiste


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