Le Midi Libre - Sport - « Ma carrière s’arrêtera à Zahra Bouras »
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Ahmed Mahour Bacha, entraîneur national d’athlétisme
« Ma carrière s’arrêtera à Zahra Bouras »
12 Août 2010

Ahmed Mahour Bacha, plus connu sous le nom de Dadi, est actuellement l’entraîneur national de trois athlètes : Larbi Bouraâda, Zahra Bouras et sa propre fille Amina. Avant de se reconvertir en entraîneur, à partir de 1987, Mahour détenait, lui-même, le record d’Afrique de décathlon. Dans l’entretien accordé aimablement au Midi Libre alors qu’il était en pleins entraînements au niveau de l’annexe d’athlétisme du 5-Juillet, Dadi confirme que sa carrière d’entraîneur s’arrêtera à Zahra Bouras. Il reviendra également sur les différentes étapes de préparation de son équipe en prévision de la Coupe du monde prévue les 4 et 5 septembre prochain. Notre interlocuteur ne manquera pas de déplorer également le fait que l’instance nationale, première responsable de l’athlétisme algérien, ne jouisse d’aucun pouvoir de décision.

Midi Libre : Vous faites partie des entraîneurs ayant beaucoup donné à l’athlétisme algérien, Quels sont vos projets dans cette profession ?
Ahmed Mahour Bacha : Ma carrière s’arrêtera en même temps que celles de mes poulains. Il est vrai que je suis à une année de ma retraite, mais je continuerai à guider les carrières de Bouras, Bouraâda et celle de ma fille Amina. Je poursuivrai ma mission aux côtés de ces trois talentueux athlètes jusqu’au bout. Une chose est certaine, je ne peut plus continuer à assurer les entraînements de haut niveau. Je reviendrai, peut-être, aux entraînement, mais pas de la même manière. Sincèrement, je n’arrive plus a me concentrer 24h/24h sur mes athlètes, je pense que je suis saturé après plus de vingt ans.

Deux des trois athlètes que vous entraînez ont été sacrés champions d’Afrique, quel est votre sentiment ?
Je suis très content pour eux, mais une chose est sûre, la victoire doit être vite oubliée. Le haut niveau c’est ça, il faut savoir gérer sa carrière et ne pas se décourager au moindre échec. Le plus gros du travail reste à faire, ce n’est que le début d’un long et difficile parcours. Dans le cas de Zahra, je pense que ce n’est pas son premier exploit, puisque depuis quelque temps, elle progresse de plus en plus, après les 200m elle s’est retrouvée au 400m, maintenant en 800 et en réalisant ce nouveau record, je pense qu’elle a encore beaucoup de réserves. Au mois de juin passé, elle a atteint pour la première fois les 2 minutes au 800m lors du Meeting de Prague, en République Tchèque en remportant la course en 1:59.54.

Comptez-vous conserver le même groupe, soit vos trois athlètes pour les échéances de la prochaine saison ?
Non, actuellement je suis en train de penser à recruter encore deux décathloniennes. Auparavant, quand j’étais plus jeune, j’avais plus de dix athlètes dans mon équipe, mais maintenant, je ne peux plus me concentrer sur un nombre très élevé d’athlètes. Je me contente de quatre athlètes, qui d’ailleurs je le pense seront les derniers de ma carrière en d’entraîneur de haut niveau.

Derrière toute participation, il y a un objectif sportif défini, quel est le vôtre ?
Non, pas nécessairement. Sincèrement, Zahra ne m’a jamais parlé de médailles, encore moins d’argent ou autre chose. C’est le même cas également pour moi. Elle, je ne sais pas pourquoi, peut-être par éducation ou autres, mais moi c’est par superstition. On ne se préoccupe jamais des consécrations ou de l’argent, mais on parle toujours tactiques et entraînements. On a un programme de préparation spécifique, notamment avec Zahra, avec laquelle j’ai tenté à maintes reprises d’appliquer la méthode de deux courses par jour, une méthode qu’elle a réussi à suivre difficilement l’année dernière. Je pense que c’est cela qui a pris peut-être toute notre concentration durant cette période. Maintenant, une fois en compétition, notre objectif est de nous qualifier pour la finale, je pense que c’est ce que fait Zahra de manière extraordinaire.

Fixez-vous à l’avance une tactique pour les courses de finale ?
Certainement, avant toute course, une tactique est mise en place en fonction des athlètes participants. Lors de notre finale, la tactique était claire et tout simplement, j’ai demandé à Zahra d’essayer coûte que coûte de s’accrocher à la meilleure au monde la Kényanne, Janeth Chepkosgei et d’attaquer avant les derniers quatre-vingt centièmes. En plus de ça, je pense aussi qu’elle était plus fraîche sur le final.

La Coupe du monde se rapproche à grands pas, avez-vous préparé un programme spécifique en prévision de cette joute qui se déroulera en plein mois de Ramadhan ?
Rien de spécial pour le moment, mis à part les deux stages que on a effectué à l’étranger qui sont, à mon avis, très bénéfiques en matière de préparation physique de haut niveau, aucun autre stage à l’extérieur ne figure dans notre programme préparatif en prévision de ce Mondial. C’est vrai qu’au début on avait programmé trois stages, mais… on n’en a concrétisé que deux, l’un s’est tenu au Portugal. En plus de ça, on n’a pas tellement profité le mois de mars. Le second stage, précompétitif, nous a servi à faire trois ou quatre meetings, à chaque fois Zahra essaye de se classer parmi les deux premières. Pour être franc, le grand travail s’effectue ici, à Alger. Et puis, on ne change pas une méthode qui amène des résultats positifs.

Les sélections algériennes se rendent toutes à l’étranger en quête du lieu idéal pour la meilleure préparation possible, trouvez-vous qu’en athlétisme l’Algérie soit suffisamment dotée pour permettre de bonnes préparations ?
L’athlétisme ne nécessite pas autant de moyens que d’autres disciplines. On a besoin seulement d’un terrain propre à nous. Souvent on n’a pas le choix et c’est pour cela qu’on part à l’étranger où il y a toutes les commodités permettant de mettre en œuvre le programme de préparation sans perdre la moindre minute. Revenant à l’Algérie, je pense que les moyens en fin de compte ne dépendent pas de la Fédération. Pour exemple cette annexe d’athlétisme du 5-Juillet, ce n’est pas la Fédération qui la gère, c’est pour cela que je demande aux responsables de l’athlétisme, notamment au ministère de la Jeunesse et des Sports s’ils tiennent à ce que cette discipline s’améliore encore, il faut affecter cette annexe à la Fédération, comme cela a été fait pour de nombreuses autres disciplines. Nous avons aussi demandé l’autorisation d’utiliser le terrain de golf, actuellement à l’abandon, le ministère nous a donné son aval et tout le monde est d’accord sur le principe, mais concrètement, rien n’a été fait. On ne peut toujours pas utiliser ce terrain qui demeure vide. Vous voyez donc que la Fédération n’a pas tellement de pouvoirs.

La majorité des autres sports souffrent de plus en plus de l’indisponibilité de l’élément féminin, est-ce le cas en athlétisme ?
Non, en athlétisme il n’y a pas de différence entre filles et garçons. D’ailleurs, la majorité des médailles remportées par l’Algérie dans les différentes participations internationales sont l’œuvre des filles. Pour nous il n’y a pas de problème spécifique aux femmes ou aux hommes, les deux sexes ont les mêmes problèmes et les mêmes contraintes. Maintenant, si on reste à l’intérieur du pays, nous sommes en Algérie, tout le monde sait que la fille subit d’énormes pressions dans notre société. Une chose est sûre, la majorité des équipes nationales notamment cadettes et juniors sont composés de filles venues de l’intérieur du pays, voire même de petits douars où le sport est complètement absent. C’est encourageant, mais il faut leur donner plus de moyens, pas uniquement aux filles, mais également aux garçons. Pas seulement pour l’athlétisme, mais pour tout le sport algérien. Dans l’ensemble, en Algérie, la pratique féminine du sport ne s’améliore pas et régresse, elle stagne même.

Ces derniers temps tout le monde parle de la formation de la base. Qu’en est-il de votre discipline ?
Même en athlétisme on parle, ces derniers temps, de la formation de la base, mais c’est loin d’être facile. Les gens veulent travailler certes, mais ils rencontrent beaucoup trop de problèmes, et n’arrivent toujours pas à concrétiser leurs rêves. Il faut le signaler, les entraîneurs, à l’intérieur du pays, travaillent dans des conditions très difficiles, mais ils arrivent quand même à former des athlètes d’un niveau appréciable.

Par : Mourad Salhi

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