Le Midi Libre - Culture - La science du soufisme
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4e colloque international au CNRPAH à Alger
La science du soufisme
9 Septembre 2007

Le CNRPAH (Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire) organise le quatrième colloque au siège du ministère de l’Energie et des Mines avec pour thème : exotérisme, mésotérisme, ésotérisme ; c’est-à-dire la loi ou chariaa, la voie ou tarîqa, la foi ou haqiqa.
Cette œuvre au long cours a commencé en 2004 à Mostaganem, 2005 à Tlemcen, 2006 à Béjaïa. On perçoit dans le document de présentation du colloque d’Alger que le processus de maîtrise du phénomène est constamment corrigé en fonction des étapes franchies lors de chaque colloque.
Nous disons phénomène alors que les organisateurs vont bien au-delà en s’assignant le but de délimiter un champ, un domaine propre au soufisme dans toutes ses manifestations. «Nous désirons que l’action soit mise sur l’impact que produit le cheminement soufi dans l’individu et dans l’univers, au passé comme au présent, en inscrivant cet ensemble dynamique que forme la triade susmentionnée charia, tarîqa, haqiqa. Il s’agit aussi de dégager les modalités de fonctionnement, les mécanismes de transfert et les conditions de franchissement de ces différentes phases d’initiation, ainsi qu’à en déduire des outils, des méthodologies et des concepts en terme d’analyse de ce phénomène».
Ce projet est rien moins que fonder une discipline scientifique qui serait l’aboutissement de ces quatre colloques ; une discipline qui serait la science du soufisme.
Il est bien affirmé dans la présentation que «le soufisme «fonctionne» comme une super-science qui doit se garder des insuffisances de la sociologie dont les outils sont réduits ou dépassés ; des risques de schématisation et de l’idéologisation inhérents aux usages des sciences politiques. Il s’agit d’un sursaut sur le chemin perfectible exigeant des sciences humaines en général et de l’anthropologie en particulier».
C’est pourquoi trois nécessités s’imposent : l’ancrage décisif et immuable dans les logiques d’objectivité , la définition des règles de transversalité, les limites de pluridisciplinarité.
La modernité de la démarche ne fait aucun doute mais la tenue de colloques, même de haut niveau, fait-elle des organisateurs des fondateurs d’écoles de recherche ?
On sent aussi une légère tentation de jouer à l’opportuniste du fait de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe. Ce n’est certainement qu’un effet d’aubaine quoique l’ancrage soufi à Alger est très profond aujourd’hui surtout en termes d’expressions extatiques.
La mise en forme du projet a nécessité un formidable investissement intellectuel de chercheurs tant algériens que ceux des pays arabes et musulmans, avec une mention particulière pour les chercheurs des ex-républiques soviétiques à dominance islamique dans le Caucase où de nombreuses confréries soufies sont nées sous le joug colonial puis se sont maintenues malgré les matérialismes enseignés…
Il y a eu plusieurs dizaines de communicants, plus d’une centaine pour les trois premiers colloques. On en compte près de 50 pour celui-ci. Cela démontre que ce sujet intéresse très largement des chercheurs du monde entier : ceux des anciens états soumis par les Ottomans, l’Irak du sud comme matrice de tous ces mouvements mystiques aux multiples expressions «artistiques» : danse, chant, musique, calligraphie, etc. La proximité du soufisme avec le bouddhisme et l’une de ses philosophies zen sont étudiées par de nombreux spécialistes.
Quelle que soit l’opinion, il est important que le soufisme soit étudié débarrassé du maraboutisme ignare ayant perdu tout contact avec les origines et l’essence même du soufisme.
Sait-on seulement que des Soufis ont atteint des états où le doute a surgi, d’autres ont découvert le matérialisme, d’autres encore l’agnosticisme ?
Le colloque nous dira où va le soufisme et quelles sont ses manifestations modernes. En tout état de cause, il serait dangereux d’oublier les grands noms du soufisme : Ibn Arabi, El Ghazali, Shahraouerdi, Ibn Rochd et El Hallaj ni d’occulter les apports aux sciences et aux pratiques culturelles, plus dangereux encore de réduire la quête de Sidi Abderrahmane et de Sidi M’hamed à une mystification. Ce qui fascine, interpelle, dérange c’est la puissante énergie cosmique reconnue au soufisme.
Globale, encyclopédique, historique et philosophique ces approches du soufisme suffiront-elles pour une re-évolution de l’Islam aux temps actuels ? L. O.

Par : Larbi OucherifLarbi Oucherif

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