Le Midi Libre - Culture - L’univers des bulles se poursuit
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1er FIBDA
L’univers des bulles se poursuit
21 Octobre 2008

Prévu du 15 au 19 du mois en cours, le ler Festival international de la BD d’Alger (Fibda) se poursuit, à travers des expositions dans certains sites prévus à cet effet. Des œuvres de bédéistes au talent graphique avéré et réputés mondialement meublent le musée MAMA et la galerie d’art Mohamed Racim qui vient d’être rénovée.

Ainsi, le musée national d’art moderne (MAMA) abrite et ce, jusqu’au 19 novembre prochain les œuvres d’une pléiade de bédéistes suisses et belges dont les personnages sont connus dans la scène artistique. Zep (de son vrai nom Philippe Chappuis) est le créateur de la série Titeuf en 1992 dont des pans d’œuvres sont accrochés sur les cimaises de la galerie. Il présente son héros éponyme qui est un écolier caractérisé par sa longue mèche blonde. Très réaliste et plein d’humour, le bédéiste helvète nous interpelle, sans complexe, sur les questions qui pressent l’humanité : le chômage, le racket, le sida... mais aussi des thèmes intemporels comme la sexualité, l’amitié, l’autorité parentale, etc. Tintin ou le ’’typiquement suisse’’ est cette série à succès, publiée sous la forme d’albums et adaptée à la fois au cinéma et au théâtre. Les Aventures de Tintin font partie des plus célèbres bandes dessinées européennes du vingtième siècle, est-il souligné. Elles ont été traduites dans environ cinquante langues et vendues à plus de 200 millions d’exemplaires. Les albums de Tintin mélangent les genres : des aventures de cape et d’épée avec une touche de fantastique aux enquêtes policières, en passant par les histoires d’espionnage, ou encore la science-fiction. Les histoires que déroule le personnage font toujours la part belle à l’humour «peau de banane», humour contrebalancé dans les albums plus récents par un sens subtil de l’ironie et une réflexion sur la société. Le jeune Genevois Frederik Peeters qui fait dans l’autofiction dans le sens où il s’intègre en tant que personnage dans des situations qu’il n’a pas vécues, relève des critiques, pour créer une espèce de clash et imaginer ses réactions. Certains aspects de la vie, comme l’album intitulé ’’la Pilule bleue’’, il les grossit jusqu’à la caricature. Son travail, plein de sensibilité, se veut un conte poétique sur une famille ou la fable d’un homme parfaitement banal, mais dont le destin, lui, sort de l’ordinaire. Dans le même univers de la bulle, l’illustrateur neuchâtelois, Yves Nussbaum, dit Noyauce, préfère agrafer, en noir et blanc, ses scénarios dans un style différent autour des publics infantile et adulte. La bédéiste zurichoise, Anna Sommer emploie dans son travail une technique différente. Elle maitrise aussi bien le dessin à plume que l’eau forte et la découpe. Le monde qu’elle décline a souvent cette tendance osée que résume un zeste de caractère d’érotisme. Aux côtés des dessins Mix & Remix (de son vrai nom Philippe Becquelin), Bernard Cosey, considéré comme un des grands auteurs de bédé, nous convie à travers ses planches et illustrations à ’’son’’ aventure intérieure. Scénariste, dessinateur et coloriste, Cosey puise des histoires dont les personnages meurtris par le chaos du monde, ont besoin d’échanger avec l’altérité. Car selon lui, seule cette forme idéale de dialogue permettra de reconstituer pièce par pièce un « récit de soi », qui a, pour lui, valeur de puzzle ultime. Ses personnages dont le caractère est la quête de l’identité perdue altérée, narrent l’errance, les termes étrangers, le souvenir, etc. les décors, il les dessine avec le luxe des détails qu’il faut pour qu’ils fassent vrai et les caractères visuelles sont sélectionnés d’un endroit pour recréer son monde. Pierre Culliford ou Peyo (1928-1992) est ce dessinateur bruxellois qui insiste sur la règle de trois (…) : ’’pour dessiner l’attitude d’un personnage, il faut absolument la sentir. Si je dessine un personnage qui baille, je baille automatiquement, car je suis sur le moment le personnage que je dessine. C’est alors que le lecteur y croit, car cette détermination passe par le dessin’’, écrit-il. Une aile est dédiée à sa création, sinon au label des Schtroumpfs et Schtroumpfettes. L’auteur de cette série de bande dessinée belge, ce fabuliste et raconteur d’histoires, s’et fait mondialement connu pour les petits lutins bleus aux bonnets, chaussons et culottes blanches qui enchantent des milliers de lecteurs notamment avec l’album ’’la flûte à six Schtroumpfs’’. La galerie d’art Mohamed Racim, accueille, quant à elle, et ce, jusqu’au 30 du mois en cours, des planches d’une brochette de bédéistes de huit pays africains, en l’occurrence le Burkina Faso, le Sénégal, le Cameroun, le Mali, la Côte d’Ivoire, Madagascar, la République populaire du Congo et le Bénin. Des thèmes relatifs à l’éducation, la femme, les us et coutumes, la mise en valeur de la terre et la famine sont mis en relief sur les cimaises de l’espace artistique. La présence d’une vingtaine d’auteurs est une preuve éclatante de la nouvelle importance de la bande dessinée du continent sur une scène de plus en plus mondialisée. Soulignons que la BD est présente depuis longtemps sur le continent africain, reproduisant les malheurs et la joie de vivre des sociétés. Il y a lieu de préciser que les premières bandes dessinées arrivent ainsi dans les bagages des colons au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. Dans les années 60, l’Église utilise la BD, comme mode d’expression, pour toucher les différentes franges de la population. Les décennies 70 et 80 sont ensuite marquées par des productions pédagogiques de diverses qualités, pour la protection de la faune ou dans le cadre de la lutte contre le sida. Peu avant 2000, salons, festivals et colloques se développent. Sous l’impulsion du charismatique auteur Barly Baruti, Kinshasa ouvre le bal en 1991, avec son premier salon suivi de nombreuses éditions. En 1998 sont lancées à Libreville les premières Journées africaines de la bande dessinée (JABD), reconduites l’année suivante. En 2001, le festival Cocobulles voit le jour à Abidjan, le deuxième épisode suivra en 2003. Aujourd’hui, les manifestations sont peu nombreuses, en dépit des compétences artistiques tels la nouvelle vague des illustrateurs, tels les Cissé, Mendoza, Ebongué, Youna, Kassi, Salo et autres talents Kwene, A’jé jé et Samon présents au 1er FIBDA, un événement qui, après une vingtaine d’années, renait de ses cendres.
F. B-H.

Par : Farouk Baba-Hadji

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