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Edition du 20 Novembre 2014



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Un espoir, des espoirs, dernier opus de Fellag
L’humoriste entre ombre et lumière…
20 Novembre 2014

En tournée à travers la France, qu’il a rejointe il y a maintenant vingt ans, l’humoriste algérien sort un petit livre cinglant sur cinquante ans d’histoire de l’Algérie post-indépendance.

L’auteur de Djurdjurassique Bled et de L’Allumeur de rêves berbères en est conscient. "Optimiste" ? À vrai dire, cela n’allait pas de soi à la lecture de son dernier opus, Un espoir, des espoirs, paru aux éditions Lattès. Non pas que le désespoir y domine, mais ce conte qui revient sur cinquante années d’histoire de son pays n’est pas à proprement parler joyeux.

Fellag voulait évoquer l’espoir d’une manière qui ne soit ni nunuche, ni dogmatique, ni intellectuelle... L’ouvrage relate : Dans un bistro du Boulevard Ménilmontant à Paris, deux hommes se croisent et discutent. Il y a "Un", jeune homme issu de la deuxième génération d’immigrés algériens, bardé de diplômes, ambitieux. Il projette d’aller s’installer en Algérie pour y vivre et y investir.

Face à lui se trouve "Deux", un habitué du bar, sexagénaire, ancien réfugié politique. "Un" demande à « Deux » ce qu’il pense de son projet de départ pour l’Algérie.  "Deux" commence à lui raconter la longue histoire d’un type mystérieux nommé l’Espoir, qu’il a connu petit au cours des folles journées de l’Indépendance.

Tout en démythifiant cette personnalité complexe, il lui parle de toutes les manipulations dont l’Espoir a été victime, quel que soit le pouvoir en place. Il lui narre les déboires subis par l’Espoir, mais aussi ses propres lâchetés, ses supercheries, ses fanfaronnades et son opportunisme. Avec humour et tendresse, les aventures de l’Espoir incarnent cinquante ans de l’Histoire algérienne, entre ombre et lumière.

"Mes textes sont souvent terrifiants, reconnaît l’humoriste, ils correspondent à tout ce que je ne peux pas faire sur scène. J’essaie de creuser dans le tragique, alors que dans mes spectacles, si cet aspect demeure présent, c’est toujours en filigrane." Résumons Un espoir, des espoirs : dans un bar de Ménilmontant, deux hommes sobrement baptisés "Un" et "Deux" évoquent l’Algérie, a déclaré dans un entretien à la revue Jeune Afrique.

Le natif d’Azeffoun ne se gêne en aucune manière pour dire les choses à sa façon à propos de Ferhat Abbas, la tragédie nationale, meurtres sans sommation, abominations, massacres collectifs, liquidations à tire-larigot, fuite des cadres à l’étranger, le tissu économique, sociologique, culturel, laminé. Il en veut surtout au système qui a brisé le désir d’un peuple formidable doté d’un riche potentiel géographique, intellectuel, économique...

Il en veut à tous ceux qui ont détruit ce pétrole qu’est la joie de vivre ! Il affirme ainsi qu’il n’est pas un homme politique, mais un homme de théâtre qui raconte l’histoire d’un personnage fragilisé par cette grosse machine kafkaïenne qui a broyé les âmes et les bonnes volontés.

Ce voyage de l’intérieur est comme une endoscopie de l’Algérie, mais au-delà de la critique, c’est aussi une déclaration d’amour à un pays qui a scié les jambes de tous les gens capables de le rêver au futur. Né en 1950 à Azeffoun, Mohamed Saïd Fellag, de son vrai nom Mohamed Fellag, est un acteur, humoriste et écrivain algérien. Il est plus connu sous le seul nom de "Fellag". Dans les années 70, il s’est beaucoup produit dans des théâtres algériens puis, en 1985, il a voyagé en France et au Canada.

A son retour, en septembre 1985, Fellag est engagé en tant que comédien et metteur en scène par le Théâtre national algérien. En 1995, suite à des menaces de mort, Fellag décide de s’exiler en France. Prix Raymond Devos pour la langue française (2003), Fellag a notamment joué dans Bashir Lazhar de Philippe Falardeau, qui lui a valu le Génie du meilleur acteur canadien (2012). Il a publié trois recueils de nouvelles et trois romans aux éditions Lattès :

C’est à Alger (2002), Le Dernier Chameau et autres histoires (2004), Comment réussir un bon petit couscous (2003), Rue des petites daurades (2001), L’Allumeur de rêves berbères (2007) et, enfin, illustré par Jacques Ferrandez, Le Mécano du vendredi (2010).

Par : Idir Ammour

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