La campagne Octobre Rose 2025 organisée par l’Association El Fedjr de Béchar, sous l’égide de la Direction de la santé et de la population, a débuté le 25 septembre.
Durant plus d’un mois des femmes de la région et des alentours ont été invitées pour un diagnostic des deux cancers les plus fréquents, à savoir ceux du sein et du col de l’utérus. Les cas nécessitants des examens plus poussés ont été retenus et appelé a se présenter le lundi 3 novembre 2025 a l’hôpital Tourabi-Boudjamaâ, plus connu sous le nom d’Hôpital des 240 lits.
Le Professeur Belkacem Chafi prête main forte
à ces campagnes humanitaires
Ainsi, très top dans la matinée de ce lundi 3 novembre 2025, les patientes commencent à affluées et les couloirs de cet établissement bruissaient d’une agitation particulière. Des femmes de tous âges, parfois venues pour consultation ou pour présenter les résultats de leurs examens demandés par les sages femmes. « D’ailleurs, nous confient-elles, ces campagnes menées régulière par l’association El Fedjer sont salvatrices, ceci nous encourage à nous faire diagnostiquer. » En salle de consultation, le professeur Belkacem Chafi, venu d’Oran, fidèle partenaire de ces actions humanitaires et scientifiques était sur place.
Le professeur émérite Belkacem Chafi a une fois de plus prêté main forte à ses collègues de Béchar, parmi lesquels la docteure Amel Bendouda, Mme Biara et l’ensemble de son équipe de sages-femmes. « C’est une responsabilité collective », confie-t-il avec humilité, fidèle à son engagement sans faille. Le professeur Chafi n’a, en effet, jamais manqué de répondre présent chaque fois que la cause de la santé publique l’appelait. « La médecine ne s’arrête pas aux frontières des villes », rappelle-t-il, soulignant l’importance de mobiliser tous les moyens disponibles, notamment les médias, pour renforcer la sensibilisation autour de la prévention, du dépistage précoce des cancers féminins et du suivi régulier des patientes. Par ses mots empreints de conviction, le professeur Chafi rappelle que la médecine, avant tout, est un acte de solidarité humaine.
« La misère n’est pas moins pénible sous le soleil ardent de Béchar »
Certes, ces femmes ont aujourd’hui accès à des dépistages, à des consultations gratuites et de qualité, offertes par un grand spécialiste en gynécologie. Mais derrière ces soins, leur réalité demeure celle d’une précarité silencieuse. Dans ces régions reculées d’Algérie, certaines familles tutoient la misère absolue. En effet, beaucoup vivent dans des conditions sociales et économiques d’une extrême fragilité. Assumer le coût d’examens complémentaires (scanner, biopsie, radiographie ou analyses biologiques) devient un fardeau insurmontable. Dans le secteur public, les pannes récurrentes des équipements accentuent encore leur détresse. Chaque attente devient une épreuve. Chaque jour perdu, une peur de plus que la maladie s’aggrave. Car les cancers pour survenir et s’aggraver n’attendent pas que les machines de radiothérapie soient fonctionnelles. Et pourtant, dans ce désert où la chaleur consume autant les corps que les espoirs, surgissent parfois des gestes de lumière. Des âmes généreuses, un peu plus aisées, règlent discrètement les frais d’examens, offrent des vêtements, des victuailles, de l’eau potable… un mot de réconfort. Grâce à ces élans de solidarité, l’humanisme continue de respirer là où la pauvreté tente d’étouffer toute dignité.
Et dans les yeux de ces femmes, brûlés par le vent du Sud, persiste une force tranquille, celle qui refuse de se plier, même lorsque tout semble perdu. Association nationale des amis des malades :
« Éloigner le mal, soulager la douleur, donner de l’espoir »
Fondée en 2012, l’Association nationale des amis des malades est une association humanitaire œuvre sans relâche pour la santé des enfants à travers tout le territoire algérien. À sa tête, Djebbar Djamel, ancien paramédical et aujourd’hui enseignant, consacre son temps et son énergie à une cause qui lui tient profondément à cœur : l’accès aux soins chirurgicaux pour les enfants des zones d’ombre. Depuis sa création, cette Association, au sein de laquelle œuvrent des équipes de médecins, pédiatres, chirurgiens et anesthésistes infantiles, issus aussi bien du secteur public que privé, accompagnent bénévolement l’Association. « Les interventions chirurgicales se font souvent les week-ends, afin de ne pas perturber l’activité normale des hôpitaux. Nous réalisons parfois jusqu’à 90 interventions par jour », précise Djamel Djabour. Au demeurant, ajoutera M. Djabour, « nous intervenant dans des zones éloignées, des grands centres pour venir en aide aux populations dans le besoin en leur assurant l’accompagnement nécessaire afin de les faire bénéficier des soins et des intervention chirurgicales au niveau des centres hospitaliers des grandes villes ». explique M. Djebbar,
Une oreille tendue vers les enfants sourds
L’action de l’Association intervient également dans le dépistage et la prise en charge de la surdité infantile. Ainsi, l’équipe va faire assurer également la pose de prothèses auditives pour les surdités légères et à la réalisation d’implants cochléaires pour les cas sévères, intervention chirurgicale délicate permettant de stimuler directement le nerf auditif. « Imaginez un enfant né sourd… Il ne pourra ni entendre ni parler et donc ni suivre une scolarité normale. Lui redonner ainsi l’ouïe, c’est lui offrir une vie nouvelle », confie M. Djebbar avec émotion.
Des campagnes de prévention et un engagement social constant
Outre les interventions médicales, l’association mène des campagnes de sensibilisation à la vaccination et à la prévention des maladies infectieuses émergentes et réémergentes. Néanmoins, son rôle social ne s’arrête pas là : chaque année, à l’occasion du Ramadan, des fêtes religieuses ou de la rentrée scolaire, elle apporte une aide caritative aux familles qui en ont besoin, à travers la distribution de denrées, de vêtements ou de fournitures scolaires nonobstant des moyens financiers limités aussi lance-telle un appel aux dons afin de soulager la charge Malgré de ces activités, "Nous sollicitons régulièrement les autorités locales, mais les réponses tardent à venir", dira M. Djebbar. "Heureusement, notre crédibilité et notre travail sur le terrain nous valent la confiance de nombreux bienfaiteurs", a-t-il ajouté. A cet effet, M. Djebbar plaide pour un soutien plus fort de l’État envers les associations de santé : « La santé publique n’a pas de prix. Aider un enfant malade, c’est investir dans l’avenir du pays. »
Une mission humanitaire porteuse d’espoir
Le slogan de l’association, « Éloigner le mal, soulager la douleur, donner de l’espoir », résume parfaitement sa philosophie. Chaque enfant guéri, chaque famille soulagée témoigne de la portée humaine et spirituelle de cette mission. « Notre satisfaction est divine », conclut M. Djebbar. Au siège de l’association El Fedjr...
Des femmes se battent contre la maladie
et contre l’oubli
Elles sont dix-sept. Dix-sept femmes venues des fins fonds du pays, des villages oubliés du Sud, des hameaux perdus du Nord ou des Hauts-Plateaux, réunies à Béchar, au siège de l’association El Fedjr, présidée par Mme Biara, une femme au grand cœur qui a fait de la solidarité son combat. Certaines ont traversé plus de 1.400 kilomètres en bus ou en train, dans la fatigue, le froid ou la chaleur, emportant avec elles un sac, un foulard, et surtout un espoir immense : celui de guérir et de retrouver leur foyer, leur famille et enfants.
« Elles arrivent épuisées, souvent seules, mais jamais résignées », confie Mme Biara, le regard empreint d’une émotion qu’elle ne cherche plus à cacher. Dans cette maison d’accueil modeste mais pleine de chaleur humaine, ces femmes partagent bien plus qu’un toit : elles partagent leurs douleurs, leurs peurs, leurs rires parfois, et une solidarité qui les aide à tenir debout. Elles sont jeunes, pour la plupart. Le cancer a frappé sans prévenir, du sein, du côlon, de l’utérus, et bouleversé leur vie. Certaines n’ont pas revu leurs enfants depuis des mois. D’autres ont été abandonnées par leur mari, incapables de supporter la maladie. Toutes ont connu ce sentiment d’injustice qui ronge, cette solitude qui étreint. Pourtant, ici, elles se reconstruisent, pas à pas, grâce à l’écoute, à la tendresse et à cette thérapie de groupe qu’anime souvent Mme Biara elle-même, entre deux démarches administratives ou un rendez-vous médical. « Elles se soutiennent les unes les autres. Quand l’une faiblit, l’autre lui tient la main. Elles ont créé une famille de fortune, mais une vraie famille » Dans cet espace simple, les gestes du quotidien deviennent des rituels de survie : cuisiner ensemble avec les victuailles offertes par des bienfaiteurs, préparer le thé, tricoter, coudre, rire un peu, marcher dans la cour quand la santé le permet. C’est leur manière de résister, de rester vivantes. Mais derrière les sourires, les larmes ne sont jamais loin. Mme Biara l’avoue : « Parfois, elles éclatent en sanglots sans prévenir… alors on s’assoit, on parle, on pleure ensemble. Puis on reprend courage. » Les difficultés financières aggravent encore leur peine. Faute de moyens, beaucoup ne peuvent payer les examens indispensables : scanners, échographies, analyses — quand les hôpitaux publics déclarent leurs machines en panne. Dans ces cas-là, c’est encore Mme Biara qui tire la sonnette d’alarme, cherchant un don, une aide, une oreille attentive. Et malgré tout, dans ce lieu de douleur et d’espérance mêlées, la vie continue. Ces femmes refusent de baisser les bras. Elles rêvent d’un retour au foyer, d’un jour nouveau où la maladie ne sera plus qu’un souvenir lointain. Elles espèrent simplement vivre, pour leurs enfants, pour elles-mêmes — et pour prouver que le courage, parfois, porte un foulard et un sourire silencieux.Le rêve de Mme Biara
Construire un centre d’accueil plus vaste au profit de patientes venues des plus profondes contrées
Par solidarité, courage et dévouement, Mme Biara incarne une lutte quotidienne contre la maladie et l’abandon des femmes atteintes de cancer. Présidente de l’association El Fedjr, elle a fait de la dignité des patientes son credo. Très active sur le terrain, cette dame, sage-femme de profession, est engagée dans la prévention, la sensibilisation et l’accompagnement social et matériel des personnes atteintes de cancer, en particulier envers celles venues des régions éloignées. En effet, ces dernières parcourent parfois des centaines de kilomètres pour venir se faire soigner. Au demeurant, dira Mme Biara, notre devoir et de venir en aide à nos concitoyennes souvent dans le besoin. Pour l’heure, Mme Biara se bat chaque jour pour offrir gîte et couvert à ces patientes allant jusqu’à transformer son propre domicile en structure d’accueil d’appoint dans l’attente de leur cure de radiothérapie laquelle peut s’étaler selon le cas sur une période de 3 mois.
Cette petite structure de Mme Biara recevra par moment jusqu’à une vingtaine de personnes lorsque le centre d’hébergement du CAC est saturé. L’engagement de la présidente ne s’arrête pas à l’hébergement. Chaque jour, elle prend le volant de son véhicule personnel pour accompagner les patientes à leurs rendez-vous médicaux (examens ou séances de radiothérapie.) En conséquence, il est à remarquer que pour pouvoir assurer ces activités l’Association El Fedjr recoit par moment des dons de quelques citoyens reconnaissant par là-même l’engagement et les sacrifices de l’équipe de Mme Biara. Cependant, les besoins restent énormes et les donateurs ne sont pas nombreux. Aussi, Mme Biara sollicitera une subvention des pouvoirs publics et au-delà l’aide de bienfaiteurs éventuels pour réaliser le projet de ses rêves, selon son expression, à savoir construire un centre d’accueil plus conséquent afin de répondre de manière encore plus performante aux besoins de ces femmes. « Nous sommes toujours en attente de l’affectation d’un terrain et d’un début de financement par les autorités compétentes. En tout état de cause, ce centre je le vois comme une planche de salut dans cet océan de détresse », conclut Mme Biara. Clôture d’Octobre Rose 2025 à Béchar
La science et la solidarité main dans la main
Le 6 novembre 2025, la faculté de médecine Tahri-Mohamed de Béchar a vibré au rythme d’une journée scientifique placée sous le signe de la solidarité et du savoir. Organisée à l’initiative de l’Observatoire régional de santé du Sud-Ouest, relevant de l’Institut national de santé publique, cette rencontre a marqué la clôture officielle de la campagne Octobre Rose 2025. Médecins, enseignants, étudiants et responsables du secteur de la santé s’y sont retrouvés dans une atmosphère à la fois studieuse et profondément humaine, unis par une même volonté : celle de faire reculer le cancer par la connaissance et la prévention. Inscrite dans le cadre de la formation médicale continue, cette journée avait pour objectif de dresser le bilan des actions menées contre les infections à HPV et les cancers du sein, tout en partageant les enseignements tirés de la campagne écoulée. Les échanges, d’une grande richesse, ont mis en lumière les défis persistants du dépistage, en particulier dans les zones reculées où chaque consultation peut représenter un espoir. La présence du vice-recteur de l’université, du doyen de la Faculté de médecine et de plusieurs responsables régionaux de la santé a donné à l’événement une portée à la fois institutionnelle et symbolique. À travers leurs interventions, une conviction s’est affirmée : la médecine n’est pas qu’une science, elle est un acte de solidarité. Là où le savoir éclaire, la compassion unit. La journée s’est conclue sur un message vibrant, repris d’une même voix : La sensibilisation au cancer du sein et du col de l’utérus ne s’arrête pas avec la fin d’Octobre Rose. Elle continue dans les amphithéâtres, les dispensaires, et surtout, dans les cœurs et les consciences. À Béchar, cette édition 2025 n’a pas seulement rappelé l’importance du dépistage : elle a célébré la ténacité d’une communauté médicale et citoyenne qui, année après année, poursuit son combat contre la maladie, animée par la foi en la vie et le refus de la résignation.